Lorenzo est un enfant normal, ai-je répété. petit à petit, j’ai compris comment me comporter à l’école. Je devais me tenir à l’écart, mais pas trop, sinon on me remarquait.
Je me fondais comme une sardine dans un banc de sardines. Je me mimétisais comme un insecte branche parmi les branchages secs. Et j’ai appris à contrôler ma rage. (p. 39)
Pourtant, sous la surface, le jeune homme demeure persuadé d’être différent des autres. À son âge, il devrait être entouré d’amis. C’est du moins ce que pense sa mère qui s’inquiète de l’isolement dans lequel se trouve confiné son fils. Or, voilà qu’un jour Lorenzo surprend la conversations d’une bande de jeunes qui prépare une excursion de ski d’une semaine. Feignant d’être invité à se joindre au groupe, il souhaite ainsi rassurer sa mère tout en s’offrant quelques jours de solitude. Maintenant, que faire de tout ce temps? Pourquoi ne pas s’installer au sous-sol de l’édifice familial avec ce qu’il faut de provisions et une console vidéo en attendant que la semaine soit écoulée?
Malheureusement, rien ne se déroulera comme prévu et Lorenzo, dont la quiétude ne tardera pas à être troublée par une visite inopportune, se retrouvera bien malgré lui aspiré dans le maelström d’une souffrance qui n’est pourtant pas la sienne.
Il y a chez Niccolò Ammaniti cette récurrence du thème de l’altruisme, du don de soi qui serait le fait, non pas d’êtres accomplis, en pleine possession de leurs moyens mais bien plutôt d’écorchés vifs de la vie, de mésadaptés, de marginaux. Comme si, sauvant les autres, les personnages d’Ammaniti allaient au devant de leur propre rédemption. C’était le cas dans ses romans précédents: Comme Dieu le veut et La fête du siècle.
Décidément, j’ai un très fort penchant pour cet auteur. Tout ce qu’il touche pour le moment semble se transformer en or. À preuve, la quatrième de couverture nous apprend que « Moi et toi » a été porté à l’écran par Berrardo Bertolucci. Ça n’est pas rien. Et puis, le sujet même du roman touche à une dimension importante, à savoir, le besoin qu’ont les adolescents de protéger leurs parents des malheurs qui les affligent. Cette lecture m’a rappelé un drame, malheureusement très réel, survenu il y a 3 ou 4 ans, il me semble. Une adolescente s’étant enlevée la vie avait laissé un mot à ses parents dans lequel il y avait cette phrase « Je n’en peux plus de ce masque de bonheur que je porte pour vous rassurer » (je cite de mémoire mais c’est à peu près ça). Cette phrase m’a profondément marqué. Elle représente à mes yeux la terreur la plus profonde du parent et je me suis toujours dit que si l’on parle de « droit au bonheur » comme d’un chose naturelle, allant de soi, il devrait en être de même du « droit au malheur ». Comme ça au moins, on serait assurés d’avoir toujours l’heure juste.
Bon, assez de rigolade. Revenons au roman. C’est 3 heures de lecture à tout casser et avec Ammaniti, comme d’habitude, difficile de poser le livre avant de l’avoir terminé.
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AMMANITI, Niccolò. Moi et toi. Paris: Laffont, 2012, 151 p. ISBN 9782221125830
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