Le mouvement des pigeons n'est pas simplement un mouvement contre la taxation des plus-values, c'est surtout un mouvement qui s'inquiète de l'idéologie qu'applique François Hollande.
Par Vladimir Vodarevski.
La politique de François Hollande repose sur l’État, sur le système, sur les grosses entreprises, les gros établissements financiers. Elle est dirigiste. Et elle est plutôt tournée vers le passé. Elle n'intègre pas le point de vue que des gens puissent mettre en œuvre leurs idées. Que des gens puissent avoir des idées différentes. Qu'ils puissent sortir du moule, être en dehors des normes. Que des idées nouvelles, hors système, puissent être bénéfiques.
La plus-value est le principal revenu de l'entrepreneur. Les entreprises nouvelles versent peu de dividendes. C'est la rémunération d'une activité risquée, et très prenante. Ou encore, ce peut être la retraite d'un chef d'entreprise.
Or, c'est peut-être ce que les socialistes ont décidé d'imposer de la manière la plus forte. On remarquera que l'assurance-vie, et le PEA, conservent des avantages. Même les dividendes conservent un abattement. Le PEA et l'assurance vie sont contrôlés par de gros établissements financiers, de même que les dividendes sont versés par les grosses entreprises.
Le gouvernement propose des aménagements à la taxation des plus-values. Par exemple, le taux serait réduit pour les plus-values réinvesties. Ou si l'entrepreneur garde un certain temps sa participation dans l'entreprise. Il apparaît tout de suite que ce genre de politique est absurde. Par exemple, quelqu'un a créé et développé une entreprise pendant 6 ans. Cette entreprise est rachetée par un grand groupe, qui soutiendra son internationalisation. L'entrepreneur peut décider de s'offrir deux ou trois ans de repos, avant de reprendre une activité d'investissement. Ou encore, la plus-value peut constituer la retraite d'un entrepreneur, qui gardera ainsi son niveau de vie sans dépendre de l’État, tout en consommant et en investissant, à son rythme. L’État conçoit l'économie comme un système abstrait, alors qu'elle est composée de gens, d'être humains. L’État veut un entrepreneur abstrait, qui a la fonction d'investir. Et non un être humain, dont la vie est composée de différentes périodes.
De même, comment déterminer qu'il faut garder une participation dans une entreprise 5 ou 8 ans, ou durant un autre délai ? Si, au bout d'un an et demi, un entrepreneur a une offre, pour une participation qu'il a rachetée, et que cette offre est bénéfique au développement de l'entreprise, doit-il la refuser, refuser le développement de l'entreprise, parce que l’État a décidé d'une norme ? Encore une fois, c'est absurde. La réalité n'est pas normée. Il faut se garder d'une vision trop théorique. Peut-on vraiment prévoir toutes les situations et toutes les circonstances de la vie ? Non, à l'évidence.
Cette vision technocratique et normée de la société illustre le dirigisme du gouvernement. Ce n'est pas une nouveauté. Les règlements fiscaux sont truffés de crédits d'impôts en tout genre, pour les jeux vidéos, la recherche, etc. Une société peut réaliser des profits grâce à cette fiscalité, en logeant les pertes en France, en bénéficiant de ces crédits d'impôts. Mais il faut être une grosse société. Il faut entrer dans le moule préconçu par l’État.
Le dirigisme s'illustre également par l'investissement public. D'un côté, l’État pénalise l'investissement privé, en surtaxant les plus-values. D'un autre, il veut développer une banque d'investissement publique. L’État veut tout contrôler, pénalisant tout ce qui n'entre pas dans le moule.
La politique socialiste de François Hollande est passéiste. Cette caractéristique est notamment soulignée par le ministère du redressement productif. Celui-ci se concentre sur l'emploi existant. Il veut conserver ces emplois. Il n'y a aucune politique de création d'emplois, de nouvelles activités, de renouvellement du tissu économique. Pire, le gouvernement se concentre sur l'industrie ! Alors que la France a tellement de possibilités dans les services, les nouvelles technologies, ou même un agro-alimentaire modernisé. Toujours cette politique passéiste, refusant l'idée d'évolution, de renouvellement, et donc d'entrepreneuriat.
Enfin, la symbolique a également son importance en politique. Et, aujourd'hui, cette symbolique est anti entrepreneuriat. C'est d'abord le statut d'auto-entrepreneur qui est vidé de sa substance. Bien sûr, l'auto-entrepreneur n'était pas forcément la révolution. Ce statut n'a pas forcément apporté beaucoup d’emplois ni de revenus. Mais il représentait un symbole : la mise en avant de l'entrepreneur. Or, les socialistes le vident de sa substance. Sans que cela ne rapporte grand chose à l’État. Sans simplifier le processus de création d'entreprise pour tous. Cela apparaît largement comme une décision idéologique.
Et puis, il y a l'ISF, qui illustre bien la mentalité socialiste, et, peut-être, hélas, la mentalité française. C'est ainsi que l'ISF taxe l'investissement. Car l'investissement est considéré comme mauvais. Pourtant, c'est de la création d'emploi. Même l'investissement en bourse, ce sont des sociétés possédées et contrôlées par des Français. A contrario, les œuvres d'art et objets de collection ne sont sont pas assujettis à l'ISF. Est-ce qu'ils créent des emplois, font tourner l'économie ? Non. C'est parfois de la pure spéculation. On achète une œuvre en spéculant sur l'augmentation de sa valeur. La plus-value est purement artificielle. Mais cela ne gêne pas les socialistes. Cela ne gêne pas les médias. Il y a là un peu un parfum d'Ancien Régime. L’État contrôle l'économie, les particuliers peuvent se consacrer à l'art.
Le mouvement des pigeons n'est donc pas simplement un mouvement contre la taxation des plus-values. Deux conceptions de la société s'opposent. La conception socialiste, qui est dirigiste, qui veut tout contrôler, et que tout procède de l’État, et qui veut faire entrer chacun dans une case, dans un moule. Et une conception plus humaniste, qui permet à chacun d'expérimenter, d'apporter ses idées, de s'accomplir, de participer à l'évolution, d'apporter sa pierre à l'édifice. Qui veut donner à chacun la maîtrise de sa vie.
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