Quand on tue la poule aux œufs d’or, elle ne pond plus et on ne peut donc pas dépenser ses œufs.
Par Diagoras L'Athée.
Quand les déficits seront devenus vraiment insupportables pour le système financier, le crédit cessera parce que plus personne ne croira les promesses de remboursement. Par ailleurs l’assèchement des capitaux disponibles tarira le crédit. Si on permet à l’État d’emprunter directement à une banque centrale qui crée de la monnaie à volonté, l’État ne pourra augmenter que sa dépense de numéraire. En effet, en monnaie constante la dépense ne pourra pas augmenter plus que la richesse réelle produite dans la zone monétaire concernée. L’argent n’a de valeur que s’il y a des choses à acheter. Or ça, ce n’est pas l’État qui le produit. Sans le crédit qui a été accaparé par l’État, les entreprises risquent de ne plus produire grand-chose de taxable.
Si l’État augmente impôts et taxes, il ne pourra jamais saisir beaucoup plus qu’il ne le fait sans endommager la rentabilité et donc sans endommager l’assiette fiscale dans laquelle il prélève. Même si on envisage que l’on puisse taxer sans ralentir la consommation et la production, il n’en reste pas moins vrai qu’il y aura baisse de la dépense privée (entreprises/ménages). Cela revient à transférer l’effort de la rigueur sur les acteurs privés. Dire que l’on ne va pas faire de la rigueur mais qu’on va augmenter les impôts, c’est mentir. On fait bien de la rigueur, mais on la fait faire par les autres.
Or clairement c’est une stratégie qui ne paye pas. Comme ce n’est pas en endommageant l’outil productif (le capital et le travail) que l’on aura plus de richesse, on ne pourra pas en dépenser autant. Quand on tue la poule aux œufs d’or, elle ne pond plus et on ne peut donc pas dépenser ses œufs. C’est donc doublement de la rigueur que de taxer les entreprises et les ménages, puisque c’est une baisse immédiate des dépenses mais également une baisse des revenus futurs.
Si par rigueur on entend bien « baisse de la dépenses » on peut être certain qu’elle va se produire. Tout ce qui dépend de la dépense publique va forcément se trouver à cours de liquidités ou avec profusion de liquidités sans valeur. Même avec la meilleure bonne volonté keynésienne, même en allant très loin dans les prélèvements obligatoires, la dépense publique en valeur réelle absolue chutera. Reste à savoir quelle pente elle prendra. Réductions drastiques des dépenses publiques façon Ron Paul ? Hyperinflation réduisant la valeur des billets émis par l’État et ses sbires presque à zéro ? Arrêterons-nous les dépenses excessives par notre initiative, ou réduirons-nous notre train de vie devant l’évidence de la pénurie ?
Certes les keynésiens de tous bords et autre interventionnistes adeptes de A.C. Pigou vont me rétorquer que la dépense de l’État induit une demande favorable à l’économie. Mais ils oublieront consciencieusement de se demander à qui le pouvoir d’achat a été retiré avant d’être rendu. Ils oublieront de se demander quelle part de cette somme a été perdue en frais bureaucratiques.
En absolu de toute façon cette valeur baissera. Ce qu’il reste à savoir c’est si on permettra aux richesses privées de prospérer et de compenser cette chute des dépenses publiques ou si l’on s’acharnera à trainer le privé dans l’inéluctable naufrage du public. Mais la baisse des dépenses aura bel et bien lieu.