[DL] Crimi Clowns

Publié le 06 octobre 2012 par Ladytelephagy

Le blues de la rentrée américaine.
Cette tendance pessimiste qui consiste à dire que la nouvelle saison n'est pas excitante, ce qu'on dit à peu près tous les ans... en dépit du fait que notre planning téléphagique occupe plus d'une dizaine d'heures de la semaine. A un moment ou à un autre de la rentrée, tous les téléphages ont un petit soupir aigri ; soit parce qu'ils pensaient qu'ils auraient plus de coups de coeur et que finalement la nouvelle saison leur semble prévisible, soit parce qu'une des nouveautés qu'ils attendaient n'atteint pas le niveau de qualité espéré (dans mon cas, le deuxième épisode de Last Resort a très exactement les mêmes qualités et défauts que le pilote, par exemple), soit parce que certains retours se font en demi-teinte, soit parce que la midseason porte de plus alléchantes promesses. Les excuses pour jouer l'expert blasé ne manquent pas.
Il existe pourtant un remède à ce mal téléphagique légèrement artificiel. Ce remède s'appelle la télévision non-américaine.
L'un des plus incroyables ovnis de la rentrée, on le tient de la Belgique et des Pays-Bas. Il a démarré en début de semaine. Il s'appelle Crimi Clowns. Et croyez-moi, vous voulez regarder Crimi Clowns.
Dans Crimi Clowns, Ronny Tersago, un comédien popularisé par son personnage de Norry le clown, a connu un revers de fortune et  connait des soucis financiers graves. Avec toute une bande d'autres clowns, il a décidé de se recycler dans des affaires pas très nettes, en organisant des cambriolages. Son fils Wesley est également de la partie, et la série commence alors que cette fine équipe est en train de voler du matériel dans un magasin de hi-fi et video. Wesley décide de voler une caméra, et de tourner une sorte de documentaire-confession sur le milieu dans lequel il vit (vous le voyez, ce résumé est légèrement différent, après visionnage, de celui que je vous proposais il y a quelques jours ; une conclusion s'impose, il faut que je rajoute le néerlandais à la liste des langues que je dois apprendre).
Toute la bande partage en effet une même villa, symbole de la gloire passée de Ronny, où les journées passent tristement en attendant que la nuit tombe et qu'on puisse partir pour un nouveau casse ; Wesley n'a donc qu'à hanter les couloirs de la maison et filmer tout ce qui lui chante.
Le problème c'est qu'il est assez difficile de comprendre Crimi Clowns sans sous-titres, parce que c'est une série assez bavarde. Le pilote est en tous cas composé à 90% de monologues et d'interviews ; mais ce qui fait la différence, c'est la façon dont ces monologues ou interviews sont tournés. Clairement, la consommation de substances plus ou moins légales (c'est une coprod avec les Pays-Bas, après tout) a été, sinon un moyen, au moins une inspiration pour la réalisation de nombreuses séquences ; à cela il faut ajouter que la camera est très souvent en vue subjective. Les monologues de Wesley semblent souvent décousus (il s'imagine filmant un réquisitoire pour un jury imaginaire), et il est visiblement hanté par la complexité de ses rapports à son père.
Je serais extrêmement surprise d'apprendre que Luk Wyns, créateur, auteur, co-producteur, réalisateur, et acteur principal de Crimi Clowns, n'a jamais vu Les Soprano.
Sans parler de copie, bien au contraire, il est en tous cas clair qu'il y a une parenté entre les deux séries. Mais si j'ai toujours eu du mal avec Les Soprano, essentiellement parce que le milieu mafieux ne me captive pas, je dois dire que l'univers complètement azimuté de Crimi Clowns me séduit énormément. Derrière une volonté similaire, celle d'opérer une forme d'introspection pour des personnages vivant en marge de la loi et dont le comportement est souvent immoral et violent, Crimi Clowns ajoute une dimension surréaliste que n'a pas sa cousine américaine, laquelle avait opté pour un style sobre et au contraire plus réaliste. La mise en images de Crimi Clowns, ses personnages comme errant fantômatiquement dans la villa, relèvent presque de l'atmosphère des rêves, ou plutôt des cauchemars ; c'est une série autrement plus perturbante que celle de David Chase.
Alors, faute de mieux (genre des sous-titres français ou anglais, ce qui serait vraiment le rêve), je vous propose aujourd'hui de simplement tenter le générique. Qui lui-même n'est pas mal du tout, comme vous allez le voir...


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Un générique d'une minute et demie, on avait oublié combien c'était bon ! Et en plus rien n'est à jeter dans celui-là, il est juste formidable.
Musicalement, il faut quand même admettre que c'est de la bonne. J'aime énormément les différentes ruptures de rythme qui ponctuent ce thème musical, cela s'accorde à la perfection avec l'univers à la fois coloré et dérangeant des images ; quant au saxophone, il rappelle l'univers bizarre de Twin Peaks, non ? On sent qu'il y a un peu de violence et de sexe, mais que ce n'est pas le seul objet de la série, l'équilibre qui m'a semblé visible dans le pilote est plutôt bien rendu ici. Les paroles font quant à elles un excellent travail pour nous renvoyer à la problématique de Wesley vis-à-vis de son père, évoquant le travail d'introspection comme d'interrogation de l'entourage...
D'ailleurs, l'héritage des Soprano se ressent jusque dans ce générique, je trouve, au moins sur la façon dont les paroles sont scandées, et sur les plans réguliers sur la voiture qui arpente les rues... Non ?
Mais même du point de vue esthétique, le générique de Crimi Clowns est impressionnant, on retrouve parfaitement l'univers de la série. D'entrée de jeu, la façon dont les acteurs principaux apparaissent à l'écran est par exemple superbe, mais tout dans la photographie de ce générique fait envie, même quand ça met mal à l'aise. D'ailleurs on y retrouve plusieurs des images vues pendant la bande-annonce de la série, qui était elle-même bien alléchante. Et encore, par rapport au générique de fin, tout ça est soft !
Alors, pour toutes ces raisons et quelques autres, si quelqu'un veut se lancer dans des sous-titres de cette série, vraiment, il a tout mon soutien, je suis même prête à faire le timing pour aider. L'appel est lancé...

Ta première introduction dans cette série lors du précédent world tour (avec sa bande-annonce) piquait déjà la curiosité, et maintenant cette incursion un peu plus en avant donne très très envie c'est certain ! C'est intriguant.
Espérons avec toi que d'une façon ou d'une autre, on puisse apprécier cette série