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Sujets de réflexion.

Par Ananda

Le cerveau des femmes est plus riche en neurones-miroirs que celui des hommes.

Or, les neurones-miroirs sont les « particules élémentaires » de l’empathie.

Cette donnée scientifique vient donc confirmer le fait, depuis longtemps signalé, que l’empathie, la sensibilité, l’intuition sont plus prononcées chez les femmes et que, par conséquent, ces dernières sont nettement plus douées que leurs compagnons pour comprendre, « sentir » les autres, même quand ceux-ci sont très différents (ce qui leur confère, d’ailleurs, en moyenne, des aptitudes sociales plus étendues).

N’est-il pas assez remarquable, par exemple, que les hommes n’arrêtent pas de constater et de proclamer à tous les échos qu’ils « ne comprennent rien aux femmes », ces créatures prétendument si « mystérieuses », quand les femmes, de leur côté, disent beaucoup plus rarement qu’elles ont du mal à les comprendre, à se sentir proches d’eux ?

« Handicapés de l’instinct », de l’empathie, donc de la communication réelle, les hommes préfèrent, bien souvent, se raccrocher aux lumières de la Raison, de la logique pour mieux saisir le monde qui les entoure. D’où, sans doute, leur goût souvent plus marqué pour l’analyse, les mathématiques et tout ce qui est abstraction interprétative.

Les hommes sont plus « scientifiques » que les femmes…parce que ça les rassure.

Ressentant moins le monde, ils éprouvent davantage le besoin de le décortiquer, de l’interpréter. Il ne s’agit pas là d’un « don », mais, bien plutôt, d’un goût, peut-être d’une sorte de motivation par défaut. D’une disposition sans doute bien plus émotionnelle, acquise psychologiquement qu’innée.

S’insérer dans un groupe humain est une affaire délicate. En la matière, les constatations des éthologues prouvent que nous obéissons exactement aux mêmes schémas comportementaux que les animaux.

Tout groupe, au fond, réagit un peu comme s’il était lui-même une sorte d’organisme. Par une « réaction de rejet » à l’introduction (à l’intrusion) de tout corps étranger. Et tout nouvel arrivant sème la perturbation dans son équilibre. De par sa présence, de par son irruption même, il gêne les anciens et, pour eux, il représente l’inconnu.

Qu’il le veuille ou non, il modifie le fonctionnement global du groupe. Certains se précipitent vers lui, s’entichent de lui, mus par leur curiosité et/ou en vertu de « l’attrait de la nouveauté » (ce dernier phénomène opère, particulièrement, au plan sexuel). Beaucoup, en revanche, qui se sentent menacés dans leurs acquis et leurs petites habitudes, ou qui ont simplement peur, réagissent par la méfiance et le tiennent à distance. Il est mis, en quelque sorte, « en examen », en « période d’essai » et on l’a à l’œil. Il est sommé de prouver qu’il est capable de se soumettre aux règles du groupe. Ce qu’on attend de lui, c’est, surtout, de la retenue, de l’humilité et de l’effacement. Il doit se taire, attendre qu’on veuille bien de lui, qu’on s’habitue à lui et, en attendant ce « feu vert », multiplier les gages empressés de sa bonne volonté, comme s’il devait en quelque sorte s’excuser d’être un tel trouble-fête.

Inutile de dire que c’est une situation assez inconfortable, si ce n’est stressante. Des phénomènes tels que le bizutage sont connus depuis fort longtemps. Ils visent –parfois moyennant un très lourd prix – à mettre à l’épreuve « le nouveau », qui est également un « candidat » à l’intégration dans une communauté où, a priori, il n’a pas sa place (un peu à la manière des cérémonies initiatiques). Le bizutage a une authentique valeur d’acte d’allégeance. Il a pour but de rassurer les anciens, en rabaissant le nouveau venu. Ainsi les anciens neutralisent-ils le danger potentiel qu’il représente. Car il vient d’ailleurs, il ne partage pas les codes ni les valeurs de la communauté. Qui sait au surplus s’il ne risque pas de vouloir leur arracher leur petite place au soleil ? Partout, l’on rencontre ce type de réaction, c’est presque automatique. Aussi bien dans les écoles qu’à l’échelle de familles, de villages, d’entreprises, de nations, de pays entiers. Pour être admis, on doit donner, on doit payer de sa personne. On doit administrer la preuve que l’on peut apporter, au groupe, quelque chose de positif. Quelque chose qui rachèterait le malaise, l’émotion que l’on a causée.

Décréter que le désespoir et le  ras-le-bol  sont une « maladie »…Baptiser, pompeusement, cette « pathologie » dépression. La tenir en respect par des molécules médicamenteuses en veux-tu en-voilà, ou par des « thérapies » qui (puisqu’elles s’adressent exclusivement à l’individu et à sa soi-disant « psyché profonde ») ne remettent jamais en cause le monde dans lequel nous vivons et l’éventuelle inadaptation de l’Homme lambda à un tel monde. Beau, génial moyen d’endormir l’aspiration à un monde meilleur…

En « médicalisant » de la sorte les états d’âme de la conscience – jusqu’au doute d’ordre existentiel et à l’interrogation sur le sens de la vie qui constituent l’essence de la démarche philosophique et, plus largement encore, une des plus remarquables caractéristiques du ressenti humain profond (l’Homme étant, on le sait, le seul animal qui sait qu’il va mourir, ou, à tout le moins, le seul à avoir une conscience aigue de sa finitude)-, les médecins comptent parmi les plus sûrs et les plus efficaces auxiliaires du système et de son totalitarisme soft.

La « police de l’âme » revêt maintenant des formes bien subtiles !

Certes, il existe des formes authentiques, bien réelles, de dépression-maladie, et il n’est pas question ici de nier la dimension de souffrance inhérente à la grande lassitude, à la démotivation et à ce que l’on nomme, plus généralement, les « idées noires ». Mais soigner les gens en les détournant à toute force de toute analyse, de toute possibilité de remise en cause lucide de l’univers dans lequel ils évoluent (comme s’ils étaient coupés de celui-ci)- et où, précisément, ils souffrent et se sentent frustrés, n’est-ce pas prétendre, en un sens, les y « réadapter » et, donc, le poser, le tenir comme « normal », légitime ? N’est-ce pas une forme (indirecte) de contrôle des comportements ?

Nous vivons dans un univers « moderne » où les médecins tendent à se mêler de trop de choses qui ne les regardent guère.

Les gens n’aiment pas réfléchir. Ils préfèrent de beaucoup croire, et suivre. Ils préfèreront toujours se ventouser à des « addictions » telles que le sexe, la fête, le travail, l’amour, la famille, la religion, la consommation, l’alcool, les drogues, les médicaments, la télévision et l’Internet que risquer, en réfléchissant et en philosophant trop, de se heurter, au détour du chemin, à l’angoisse de finitude et à l’incomplétude du savoir.

P. Laranco


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