RENCONTRE Dijon : un lycée à l’heure argentine
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le 05/10/2012 à 05:00 par Inès de la Grange
Eugenia Almeida (à droite) relate aux jeunes les heures les plus sombres de son pays. Photo I. G.
Eugenia Almeida, écrivaine argentine, a rencontré les élèves de la section bachibac du lycée Montchapet, mardi. Au programme, littérature bien sûr, mais surtout histoire du pays.
«Imaginez un pays où la terreur est instaurée par notre propre gouvernement. » Eugenia Almeida, auteure du roman L’Autobus, est venue rencontrer les élèves du lycée Montchapet et en a profité pour partager l’histoire de son pays et, plus particulièrement, la dictature qui y a été instaurée entre 1976 et 1983.
À l’origine de sa venue, un festival dédié à la littérature latino-américaine qui se déroule à Lyon, Belles Latinas. C’est Isabelle Sauvageot, professeure d’espagnol au lycée, qui a entrepris les démarches pour faire venir à Dijon l’auteure à succès. L’année précédente, l’écrivain mexicain Alberto Ruy Sánchez était accueilli dans les mêmes conditions, avec en prime une séance de dédicaces à la librairie Grangier.
La littérature pour aborder la dictature
Eugenia Almeida est l’auteure de deux romans, dont L’Autobus. Ce dernier explore les heures sombres de l’Argentine à travers les destins croisés de jeunes gens attendant un bus qui ne vient pas. Âgée de 40 ans, l’écrivaine est née à l’aube de la dictature argentine. Elle garde, parmi ses souvenirs d’enfance, des traces de la junte militaire. « Les gens de ma génération écrivent des histoires qui se passent pendant la dictature, mais ils n’écrivent pas directement sur le sujet », a-t-elle expliqué aux lycéens attentifs.
L’Argentine a rappelé aux jeunes que sous la dictature, trente mille personnes avaient été portées disparues. « Imaginez, vous rentrez chez vous et votre frère ou votre père n’est plus là. Dans la majorité des cas, on ne sait pas ce que sont devenues les personnes victimes de ces disparitions. »
L’écrivaine est aussi revenue sur le rôle, méconnu, de la France sous la dictature argentine. « Les techniques de torture étaient enseignées par des professeurs français. Ce sont les mêmes procédés qui ont été utilisés durant la guerre d’Algérie. »
Mais cet instant unique a permis aux lycéens de discuter sur le métier d’Eugenia Almeida et sa passion pour la littérature. Durant deux heures, l’échange ne s’est fait qu’en espagnol. Eugenia Almeida et son délicieux accent argentin ont fait planer une ambiance latino, en pleine capitale bourguignonne.
source: http://www.bienpublic.com/grand-dijon/2012/10/05/un-lycee-a-l-heure-argentine