FG : Pouvez-vous nous présenter brièvement votre parcours et votre travail ?
Kate MccGwire : J’ai été élevée dans le comté rural de Norfolk entourée par la faune, la flore et les marécages. Mon intérêt pour les oiseaux s’est manifesté dès le plus jeune âge, je les observais et essayais de capturer leurs différentes formes et empreintes sur du papier. J’aimais peindre et créer des choses de mes mains, sentant que cette créativité était un moyen d’expression naturel pour moi, mais ça n’est qu’à l’âge de 16 ans en déménageant à Paris que j’ai été confrontée à la culture artistique d’une capitale si vibrante. À mon retour en Angleterre, j’ai entrepris une carrière dans le design mais, me sentant toujours attirée par les beaux arts, je suis retournée à l’université pour passer un diplôme d’Arts Plastiques avant d’obtenir un Master, spécialité Sculpture, au Royal College of Art. Je travaille en tant qu’artiste depuis 2004, exposant de Paris à Berlin, en passant par New York et Londres, où je suis installée. Je suis représentée par la galerie All Visual Arts, chez qui j’ai une importante exposition personnelle de prévue en novembre. Mes œuvres vont aussi être présentées en octobre aux côté de 40 autres artistes dans le cadre de Metamorphosis, une grande exposition collective qui explore la manière dont les œuvres d’art peuvent réinterpréter ou incarner la métamorphose et la transformation.
Vos œuvres demandent certainement beaucoup de préparation avant d’être réalisées : par où commencez-vous avant d’entamer une nouvelle création ?
Le processus le plus long dans mon travail est de passer des mois à rassembler des plumes. J’ai développé un système pour organiser et catégoriser l’énorme variété d’espèces d’oiseaux, de formes et de tailles de plumes différentes et c’est seulement quand j’en ai assez d’un genre particulier que je peux commencer une nouvelle oeuvre. Je laisse ces plumes et les matières guider l’évolution de mon travail, ébauchant sur le papier des idées quant à leur forme. J’aime explorer la mythologie liée à chaque oiseau et j’essaye d’incorporer certains de ces aspects narratifs dans la sculpture.
Les plumes me sont envoyées des quatre coins de l’Angleterre et proviennent de nombreuses sources différentes. Mes fournisseurs principaux sont les clubs de courses de pigeons voyageurs et d’amoureux de ces courses dont le soutien et l’intérêt pour mon travail est inestimable. Ils sont aujourd’hui plus de 200 à m’envoyer des enveloppes pleines de plumes de pigeon. Cet aspect collaboratif dans la collecte de matière première fait partie intégrante de mon processus de création. Comme la mue des pigeons n’intervient que deux fois par an, il faut souvent attendre plusieurs années avant d’avoir rassemblé la quantité de plumes suffisante pour réaliser une œuvre de grande échelle.
Quelles sont vos plus grandes sources d’inspiration ?
L’influence la plus significative sur mon travail a toujours été la nature et le monde qui m’entoure. Mon atelier est situé sur une péniche hollandaise sur la Tamise, depuis laquelle j’ai un rapport quotidien et direct avec le fleuve; les formes tourbillonnantes et les remous de l’eau exercent une fascination constante sur moi et nourrissent intuitivement mon travail. « Discharge », mon installation pour Nuit Blanche 2012 est une énorme cascade de plumes de pigeon, qui se déverse de manière spectaculaire dans la Galerie de Paléontologie et d’Anatomie comparée du Muséum national d’Histoire naturelle à Paris.
Pouvez-vous nous décrire les œuvres qui vont être présentées à partir du 11 octobre à la Galerie Particulière ?
Une autre des sculptures que j’exposerai se nomme « Host », c’est une superposition de plumes qui s’accroche aux murs comme un parasite qui grandirait et se propagerait de manière organique, cancéreuse. La couche de plumes crée un espace sombre et enveloppant, qui attire le spectateur vers lui.
A côté de ça, j’exposerai de nouvelles pièces, crées spécialement pour la galerie. Parmi elles, il y aura « Crave », un ruban de Möbius en plumes de pigeon blanches qui s’enroule constamment sur lui-même, « Sepal Speculum », un anneau iridescent en plumes de canard colvert et « Stigma », une œuvre qui confronte la surface souple et solide du plomb à des formes organiques en plumes de queue de pigeon, qui affleurent à la surface à la manière de profondes lésions.
Que signifie le titre de votre exposition parisienne : Auguri ?
Auguri est un mot sur lequel j’ai réfléchi pendant un certain temps, en lien avec la pertinence symbolique des oiseaux dont j’utilise les plumes. Il suggère une prémonition, un présage de changement significatif et place l’oiseau comme augure, l’indicateur de ce qui va advenir.
Propos recueillis par Fanny Giniès
Remerciements particuliers à Catherine Philippot et Tasha Marks
Visuels des oeuvres : courtesy La Galerie Particulière © Tessa Angus
Photos au MNHN : Fanny G.© Roughdreams.fr
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NUIT BLANCHE, Paris
Muséum national d’Histoire Naturelle, 6 octobre 2012
www.nuitblanche.paris.fr
AUGURI: Exposition personnelle – La Galerie Particulière, Paris
11 octobre > 10 novembre 2012
www.lagalerieparticuliere.com
METAMORPHOSIS: The Transformation of Being
All Visual Arts @ 33 Portland Place
9 > 14 octobre 2012
LURE: Exposition personnelle – All Visual Arts, London
22 Novembre 2012 > Janvier 2013
www.allvisualarts.org