Il y définit
- les 5 buts du Scoutisme (Santé, Sens du Concret, Personnalité, Service, Sens de Dieu),
- les 10 articles de la loi scoute, qui proposent au garçon une règle de vie,
- une organisation convenable (32 garçon maximum, subdivisés en patrouilles de 8). Plus tard, ils furent classé en 3 degrés pour des raisons psychologiques: louveteaux (8- 11 ans), éclaireurs (12-17), routiers (17 et +).
Le mouvement se développa très rapidement, presque à son insu, le contraignant à démissionner de l'armée en 1910. Le roi d'Angleterre prend le mouvement naissant sous son patronage. Alors BP travaille. Ce qu'il veut, c'est permettre au garçon de mener lui-même son bateau. Pour cela, en développant les qualités d'éclaireurs par le jeu et non par le travail, il veut donner le goût au jeune garçon d'aimer à faire les choses, en développent eses potentialités. Devenu adulte, il fera de même dans le service de Dieu et de sa Patrie. Concrètement, BP attire les jeunes gens (de 12 à 17 ans), les place dans la nature sous la direction d'un chef à peine plus agé qu'eux, et ils apprennent par eux-même, en dehors des cadres habituels à se débrouiller : bien connaître la nature, y survire, y dormir, y manger, tout en développant des connaissances et des dons pour servir de mieux en mieux son prochain. Il organise des troupes d'une trentaine de garçons constituées en quatre patrouilles de 7 ou 8 garçons acceptant une loi positive en 10 articles, que le jeune scout s'engageait solennellement à observer, sur l'honneur, aussi bien dans le cadre de la vie associative qu'à la maison et tous les jours. Déjà le scoutisme a franchi les mers: Chili, puis France, Scandinavie, USA... Il y a aujourd'hui plus de 28 millions de scouts recensés à travers le monde.
En inventant le scoutisme, lord Baden-Powell ouvrait une fenêtre ensoleillée, joyeuse et aventureuse dans la chambre sombre où la société du début du xxe siècle cantonnait les adolescents entre morale rigide et interdits de toute sorte, sorte de bannissement...
En 1920, BP est nommé chef scout mondial.
En 2007, L'Organisation mondiale du mouvement scout (OMMS), en anglais World Organisation of Scout Movement (WOSM), est l'organisation supranationale qui supervise la majorité des mouvements Scouts. L'OMMS siège à Genève dans le quartier de Plainpalais, et est présidée par Eduardo Missoni. Elle a également un statut consultatif au sein de l'ONU et de plusieurs de ses comités.
Le Scoutisme Français fédère les différentes associations françaises qui se réclament des buts, principes et méthodes du Scoutisme tels que définis par les constitutions de l’Association Mondiale des Guides et des Éclaireuses (AMGE) et de l’Organisation Mondiale du mouvement Scout (OMMS).
Pour sa part, la Fédération du Scoutisme Français réunit :
- Les Éclaireuses et Éclaireurs de France (EEDF),
- Les Éclaireurs & Éclaireuses Israélites de France (EEIF),
- Les Éclaireuses & Éclaireurs Unionistes de France (EEUdF),
- Les Scouts & Guides de France (SGDF),
- Les Scouts Musulmans de France (SMF),
Une pédagogie initiatique.
L''originalité de ce mouvement repose ce que j'appellerai une pédagogie initiatique fondée sur quelques principes :
- une référence au sacré, à la transcendance, Dieu pour BP, et autre référence absolue dans le scoutisme anglo-saxon, la Patrie, et surtout l'obligation d'obéir à la loi morale, les dix articles d'une loi proche de la loi mosaïque, au respect de laquelle le scout s'oblige par un serment,
- une méthode: les cinq buts du scoutisme (on retrouve sans doute ici les cinq vertus calvinistes, elles-mêmes très ancrées dans l'imaginaire des sociétés initiatiques anglaises),
- des rites de passage :
- une mise à l'écart dans la nature qui provoque un changement de personnalité,
- des épreuves quasi chevaleresques et une construction personnelle du novice qui deviendra aspirant puis éclaireur, soit une méthode de progression en trois degrés, et en trois âges,
On sait en revanche que BP était membre de la basse église anglicane, que l'un de ses frères de sang était Franc Maçon de la Grande Loge Unie d'Angleterre et que le principal dignitaire de la Grande Loge d'Angleterre , le duc de Gloucester, était témoin à son mariage et parrain de son premier enfant..
Dans un article de la célèbre revue Etudes, le jésuite Henry Caye, en 1913, dénonce les collusions du scoutisme avec la Théosophie, mouvement syncrétiste et néo spiritualiste, d'une part et avec la Franc-Maçonnerie de l'autre. D'autres auteurs catholiques iront même jusqu'à affirmer que Baden Powell était 32ème degré du rite écossais ...
De ce fait, certains auteurs anglais ont pu également émettre l'opinion que la Franc Maçonnerie est le prolongement du scoutisme à l'âge adulte.
Les modèles chevaleresques. Une autre inspiration de ce grand fondateur doit devoir aussi être recherchée dans les modèles de la Chevalerie occidentale. C'est très sensible notamment dans le scoutisme catholique. En effet, à leur création les Scouts de France sont influencés par le Père Sevin, lui-même angliciste et fin connaisseur du scoutisme britannique, (il rencontre BP en 1913): « Un vrai scout est un Chevalier chrétien. L'esprit scout, c'est l'esprit chrétien mis en pratique." écrit-il. « Le scout est courtois et chevaleresque » est un des principes du scoutisme.
Certains auteurs ont estimé que pour le père Sevin, jésuite, le scoutisme pratiqué par les Éclaireurs de France, fleurait trop l’indianisme, considéré comme une forme de paganisme et que d'autre part les initiations des Éclaireurs Unionistes rappelaient les loges maçonniques interdites par le Vatican. C’est pourquoi la chevalerie fut choisie comme étant plus conforme à ce qui était plus acceptable pour la hiérarchie catholique. Ceci est sensible dans les ouvrages de la collection « Signes de Pistes », fidèle miroir de cette tendance idéologique. Notons encore que le scoutisme fut suspect à l'Eglise catholique jusqu'en 1939, certains évêques s'y montrant même hostiles;
Si toute une partie du cérémonial scout semble venir en droite ligne de la franc-maçonnerie anglaise, cette franc-maçonnerie elle-même ne tient-elle pas toute une part de son rituel de la Chevalerie ? Au moins dans ce qui est appelé le système des hauts grades? Plusieurs rituels maçonniques sont explicites à ce sujet et l'on retrouve la Croix de Jérusalem (potencée), emblème du scoutisme, sur les tabliers de certains maçons ou encore la référence aux chevaleries du Graal.
Il est vrai que convergent ici l'inspiration templière des Hauts Grades Maçonniques et celle du fondateur du scoutisme.
L'un comme l'autre ont porté leurs fruits en leur parti pris de la recherche d'une perfection jamais atteinte...
GB.
Du même auteur :
Georges Bertin
La pierre et le Graal