La
blogueuse dissidente cubaine Yoani Sanchez a été interpellée à Bayamo,
dans l'est de Cuba, où elle s'était rendue pour le procès de l'homme
politique espagnol Angel Carromero, puis transférée par la police à La
Havane.
"Yoani Sanchez et son époux
(le journaliste Reinaldo Escobar) sont transférés à La Havane dans une
voiture de la police", affirme le blogueur Yohandry Fontana qui diffuse
officieusement des informations émanant des autorités. Yohandry avait
annoncé dans la matinée que "la blogueuse pro-américaine Yoani Sanchez a
été interpellée à Bayamo où elle est venue monter une provocation et un
show médiatique afin de perturber le bon déroulement du procès". Aucune
indication n'a été apportée sur la destination de la jeune femme, la
plus célèbre des blogueurs d'opposition cubains, également
correspondante pour le quotidien espagnol El Pais.
Amnesty International de Londres et la Société
interaméricaine de presse (SIP) de Miami ont appelé à la libération de
Yoani Sanchez. "Ces détentions apparemment arbitraires sont le dernier
épisode du harcèlement dont Yoani Sanchez et d'autres opposants ont
souffert aux mains des autorités cubaines", a affirmé un conseiller
spécial d'Amnesty, en appelant les autorités à "les accuser de délits
reconnus internationalement ou les laisser en liberté". "Si les
autorités cubains avaient l'intention de minimiser la couverture
internationale du procès, elles ont obtenu tout le contraire avec cette
arrestation arbitraire", a estimé le président de la commission de la
liberté de la presse de la SIP.
A Bayamo, à 750 km au sud-est de La Havane, se
poursuivait le procès d'Angel Carromero, 26 ans et dirigeant du
mouvement de jeunesse du Parti populaire (PP) au pouvoir en Espagne, qui
encourt dix ans de prison pour homicide involontaire. Le jeune Espagnol
conduisait la voiture dont la sortie de route, le 22
juillet près
de Bayamo, avait causé la mort du dissident cubain Oswaldo Paya, 60 ans,
prix Sakharov 2002 du parlement européen, et d'un autre opposant
cubain, Harold Cepero, 31 ans. Le procès s'est ouvert en l'absence d'un
autre passager du véhicule, le Suédois Aron Modig, 27 ans et président
des Jeunesses chrétiennes-démocrates suédoises, qui avait pu regagner
son pays le 30 juillet.