Durant quatre jours, l’aïeule va ainsi se dévoiler au jeune Santi, conditionnant sa libération à l’achèvement de son récit. Entre-temps, emportée par le bonheur d’avoir enfin un interlocuteur, elle joue les tortionnaires. Colérique et aimante, sadique et maternelle, elle ne cesse de faire la leçon au petit bandit, interrompant ses récits fumeux pour lui glisser de la nourriture sous la porte ou lui expliquer que non, on ne couche pas avec sa petite sœur. Sans jamais nous laisser entendre la voix du séquestré, Federico Jeanmaire construit son huis clos comme un long monologue de la vieille Cerbère. Porté par un suspense suffocant, Plus léger que l’air navigue entre noirceur, humour et folie sans jamais véritablement basculer. A chaque nouvelle discussion, la relation perverse entre les deux personnages change. La lourde porte close de la salle de bain sépare une grand-mère de son petit-fils, un pécheur avec son confesseur, une amante de son fantasme, une bourgeoise catholique de la lie du petit peuple… De la lutte des classes aux relations hommes-femmes, Jeanmaire arrive à résumer avec beaucoup de subtilité les contradictions du monde moderne, tout en rappelant la puissance, mais aussi la vanité, de l’imagination. Un tour de force narratif en forme de piège magistral dont il est impossible de s’extirper.
source: http://laccoudoir.com/romans/plus-leger-que-l-air-federico-jeanmaire-2306/
Publié le par Mikaël Demets
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