Oui, titre évocateur. Vous ne vous trompez pas. J’ai bien assisté au concert de Tori Amos au Bozar ce mardi 02 octobre 2012 dans la superbe salle Henry Leboeuf du Bozar.
Alors c’est quoi ce titre? Une répétition générale? C’est une blague je suppose…
Pas du tout! Après avoir mangé des formidables sushis avec mon amoureuse sur un banc du Parc Royal – expérience chaudement recommandée! -, la soirée continuait au Bozar avec Maïté et sa collègue, avant de retrouver Marie et Jérémie qui nous faisaient signe depuis l’autre bout de la salle.
Côté scène, le piano de Tori Amos se situait dans le dos du chef d’orchestre, prêt à manœuvrer la cadence des dizaines de musiciens classiques du Metropole Orchestra.
Côté public, on sentait bien une certaine excitation. [itsucks] Je passe les détails des spécialistes de la discussion de salon PENDANT le concert, de l’autre fille qui a tout filmé avec son iPad (oui oui… une autre forme de misère intellectuelle, je suppose), de la nana derrière moi qui prenait des photos avec le superbe son de son APN, avec flash bien entendu. [/itsucks] Bref.
Un souhait commun: la certitude que Tori vienne nous émerveiller. Qu’elle joue debout, assise, couchée (non, c’est pas Lady Gaga non plus), elle va… elle va… nous faire vibrer à chaque note. C’est du moins tout ce que l’on souhaitait d’elle.
La belle rousse entamait donc sa tournée The Gold Dust Orchestral Tour la veille à Rotterdam, la playlist se trouve sur son site officiel.
Il est vrai qu’on avait plus souvent l’habitude de la voir seule avec ces claviers. Entourée de violons, cello, contrebasses, percussions et autres instruments à vent, ça donne un cachet majestueux. J’étais curieux. Très curieux.
A peu de choses près, l’ensemble de protocoles du classique ont été respectés;
- La cloche sonne dans la salle Henry Leboeuf. Les festivités vont pouvoir commencer.
- Les musiciens entrent en premier. Ils règlent leur son, s’accordent.
- Le chef d’orchestre les rejoint. Applaudissement de circonstance.
- Quelques secondes plus tard, Miss Amos se dévoile, tout sourire face à un public déjà debout, déjà conquis.
Tori nous salue. Elle est visiblement heureuse d’être ici. Premier choc; ses lunettes. Et bien oui, c’est qu’on vieillit tous évidemment. Deuxième choc; son ‘costume’… je ne souhaite pas être trop critique. Mais pourquoi avoir choisi un costume à tendance clownesque. Nous sommes invités à venir voir un orchestre avec une “singer-song-writer” d’exception. Et voilà que cette myriade de couleur fait mal aux yeux.
Les premières chansons défilent. L’artiste prend ses marques. On la sent nerveuse par moment. Ces mimiques, consistant à sourire et à vouloir fixer le public à sa droite, sont trop automatiques et peu enclines à la libérer de son morceau. Un stress qui se reflétait dans ses gestes et les regards incessants avec le chef d’orchestre.
Sans lui, elle était perdue. C’était du moins le sentiment que cela donnait.
Après trois morceaux joués parfaitement, elle nous sourit, se retourne et enlève ses lunettes quelques minutes, admettant elle-même que c’est bien plus agréable ainsi. Elle se sent obligée de suivre les partitions, note après note, et sa paire de verre lui est juste indispensable. Quand je vous parlais d’une répétition générale…
L’album Gold Dust revisite des chansons existantes du répertoire de l’américaine. Les arrangements – très beaux dans l’ensemble – ne me parlaient pas trop au début. Il a fallu attendre Hey Jupiter et enfin, Winter, une chanson qui me donnera toujours des frissons, pour que la manœuvre orchestrale finisse la première partie en toute beauté.
Un interlude musical nécessaire, tant pour nous que pour les musiciens. Il fait très chaud dans la pièce. Le temps de discuter quelques minutes avec nos compagnons de soirée, les gens reviennent déjà s’installer.
Clap 2: Myra Ellen Amos (son vrai nom) revient sous les applaudissements nourris. Je ne savais pas trop quoi penser de la première partie. Je restais sur ma faim, et je craignais que cela ne se prolonge. Heureusement, non! Ouvrir le bal avec “Yes Anastasia”, quelle belle idée! Tori laisse désormais entrevoir ses longues jambes dans une superbe robe et une magnifique paire de chaussures rouges… on oublie la première partie et on reprend le rythme.
Petit clin d’œil au passage à son autre album (Night of Hunters) avec Hedge of the Moon, qui aurait, selon moi, mérité une place un peu plus importante dans le set.
Son confort scénique est perceptible. Elle finit ses chansons en saluant le public, telle une révérence avec ses bras. Généreuse Tori. Pas vraiment d’interaction avec nous, mais le plaisir y est. Enfin.
Certaines hésitations sont toujours présentes, une mélodie qui n’en finit pas de démarrer. Le piano est en route. Cela semble un poil surréaliste, l’orchestre regarde Tori, Tori les regarde à nouveau. Qui donc va commencer…? Son professionnalisme nous fait éviter le pire. Elle garde le sourire, tout se passe au mieux, la chanson peut vraiment débuter. Ouf.
Et comme dans toute répétition générale, des mini-couacs techniques arrivent aussi. Le spot principal qui éclaire notre chanteuse fait soudain faux bond, l’obligeant à continuer dans la pénombre des éclairages indirects. Rien de bon quand il s’agit de lire ses partitions!
Dans l’ensemble, elle a joué quasi toutes les chansons de son dernier opus. Ce sont des titres provenant de ces premiers albums, et revisités avec l’orchestre. Little Earthquakes et Under The Pink restent assurément ses albums fétiches. 8 reprises sur 17 chansons!
Elle expliquait à CNN en 1996: “Little Earthquakes, in truth, was much more like a diary form of things that have happened in my whole life, finding my own voice.” [CNN Online ?February 1, 1996]
Tori Amos, visiblement émue, a quitté la scène rapidement, avant de revenir pour un rappel légèrement écourté. 2 chansons et puis s’en vont. Tellement court que certains musiciens s’accordaient encore une dernière fois pour le 3e morceau, mais la chanteuse et le chef d’orchestre ont fait mine de plier bagage… une confusion qui ne m’a pas échappée, certains musiciens n’étant pas certains de ce qui allait suivre.
J’aime beaucoup l’artiste, j’adore ces textes, ces chansons, ces accords à la Kate Bush, ces manies sur scène. Oui, sa voix est superbe. Que d’éloges. Mais j’aurais tellement aimé entendre la version orchestrale de A sorta fairytale, Thank you, Cornflake girl, love song, girl ou encore Crucify ! (et j’en passe tellement d’autres les unes plus jolies que les autres…)
Et pourquoi pas aussi, sa version tellement particulière de Smells like teen spirit! Imaginez un instant Nirvana avec des cuivres et cymbales…le tout au Bozar.
Oui, cela aurait été superbe. Mais non.
Son rêve n’est pas le mien, son choix est différent. Et c’est en osant ce genre d’orchestration qu’elle continuera à se différencier des autres artistes.
Bonne chance pour la suite de la tournée Tori, tu as passé le cap du stress test dans le laboratoire bruxellois. Prochaine fois, tu termineras chez nous avec un set hyper léché, ok?
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Tout ceci ne nous a pas empêché de terminer la soirée au Biberium avec tous nos comparses, pour un karaoké improvisé. Chansons de qualité, public de choix et voix d’exceptions! Quelle belle transition!
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