Dernièrement, j’ai assisté à une scène assez significative de la vie courante des citoyens(ne)s de ce pays.
Dans un hôpital de la capitale, une ancienne députée de ce qui fut un grand parti historique marocain faisait la queue devant un guichet pour régler, je suppose, le montant d’une consultation ou d’un tout autre service.
Elle est abordée par une jeune femme, au voile très chic mais très caractéristique, parce que marquant bien son appartenance à une catégorie de musulmanes prônant la rectitude et l’égalité de tous et de toutes!
Grande scène de salamalecs et belle effusion de sympathie réciproque!
La jeune femme s’enquiert de la santé de la députée qui lui explique son problème§
“Je vous emmène voir le professeur X…….. qui vous réglera cela en deux minutes! propose alors la jeune femme.
- D’accord, juste le temps que je paie ma consultation, répond la députée!
- Il n’est pas question de payer. Venez tout de suite!
La députée résiste, la jeune femme semble scandalisée que la députée n’accepte pas son aide et elle insiste tant et tant que la pauvre députée finit par céder et la suit.
Et les deux femmes disparaissent dans un mystérieux couloir qui mène vers le royaume des professeurs!
Que dire de cette scène?
Qu’elle est habituelle? Normale? Scandaleuse?
La jeune femme a-t-elle fait preuve d’un excès de zèle mal placé?
Ou bien d’une malheureuse maladresse, qui a sûrement mis mal à l’aise l’ex-députée, qui aurait bien voulu, je crois, ne pas être exposée ainsi au public : elle appartient quand même à un parti qui prône la défense du peuple, avec tout ce que cela implique, notamment l’éradication d’une santé publique à deux ou trois vitesses.
Je crois bien que finalement ce genre de comportement est simple question de mentalité bien de chez nous!
La jeune femme, malgré son apparente vertu morale et spirituelle, est restée bien marocaine dans sa tête : elle veut rendre service à sa connaissance, elle veut aussi montrer qu’elle a une once de pouvoir dans ce monde.
L’ex-députée, malgré sa culture politique et malgré sa bonne foi dont je n’ai aucune raison de douter, n’a pas su faire valoir justement ses principes dans une situation pourtant très simple.
Le public, dont je faisais partie je le reconnais, qui a assisté à la scène n’a rien trouvé à redire : il est tellement habitué à ce genre de transgressions qu’il n’a pas jugé de réagir!
Dans le hall de l’hôpital, les personnes qui font la queue devant des différents guichets regardent la scène, sans réagir; juste quelques haussements d’épaules désabusés.
On peut mettre en place toutes les chartes que l’on veut, voter toutes les lois et établir tous les règlements, rien ne changera tant que ce qu’il a dans la tête de nos compatriotes ne changera pas!
-