C’est le matin, lorsque la lumière touche à peine la cime des sapins qu’elle est la plus belle. C’est froid, les respirations se figent dans l’air. Les sommets ont déjà cet éclat qui annonce que la magie reviendra encore cet hiver. Comme tous les hivers. Et toute la vallée l’attend avec impatience.
Cachée au creux de ma vallée sans soleil, qu’il est bon de la savoir là. Immuable.
Elle vit, au rythme des saisons qui transforment ses couleurs. Elle respire et emmène au loin les cendres encore dorées qui s’échappent des toits blancs. Elle aime, souvent trop, ces âmes qui, tellement épris d’elle s’endorment dans ses failles.
Assise. Je la regarde. Respirer avec moi.
Le vent du nord souffle et elle a vu ma valise posée sur les marches. Je crois qu’elle a compris. Alors je la regarde, la dévore des yeux une dernière fois parce que je sais qu’elle sera là à mon retour. Elle me le dit. Je suis à jamais fille de cette montagne qui nous offre tant et parfois prends tout. Elle me le murmure et son souffle se cristallise dans l’air, le premier flocon tombe sur le cuir.
Mahé Corolleur
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