Dans "Mes 50 Tours de France", Raymond Poulidor retrace les cinquante Tours auxquels il a participé : quatorze comme coureur et trente-six comme suiveur.
"Un petit gars parti de pas grand chose"... Qui a participé à cinquante Tours de France - quatorze comme coureur et trente-six comme suiveur - ! Excusez du peu... "Je me vois toujours au départ du Tour à Nancy, auriculaire gauche cassé, plâtré jusqu'au coude, valise en carton à la main. C'était en 1962, j'avais le dossard 148 pour entrer dans la carrière." Trois semaines plus tard, au Parc des Princes, à 26 ans, il se hisse, à la troisième place, sur le podium final au côté du Belge Joseph Planckaert et d'un certain Jacques Anquetil.
Au-delà du premier épisode du match Anquetil-Poulidor qui s'écrit, "Poupou" entre dans la légende du cyclisme : Tour d'Espagne, Milan-San Remo, Flèche Wallonne, Paris-Nice (2), Critérium du Dauphiné (2), Midi Libre...
Mais éternel deuxième (1964, 1965, 1974) et troisième du Tour (1962, 1966, 1969, 1972, 1976). Quatorze Tours sans jamais porter le maillot jaune ! Qu'il a finalement endossé en 2000 quand il est devenu "ambassadeur" de LCL sur la Grande boucle en 2000. "Je sais bien que ce n'est pas "le" maillot, mais ça me fait quand même quelque chose après avoir couru derrière en vain pendant quatorze ans. Pas une revanche, non, une toute petite satisfaction.", reconnaît-il.
Plus que son palmarès, c'est finalement ce rôle d'éternel second qui a construit sa légende, "résumée" dans son ouvrage "Mes 50 Tours de France", écrit en collaboration avec Serge Laget et Jean-Paul Vespini, qui vient de paraître. (Editions Jacob-Duvernet). "Il paraît que c'est un record. Pour moi qui n'en ai jamais battu, il était temps, non ? Un record de quoi ? De longévité, d'assiduité, de notoriété ? Peut-être. Seuls trois journalistes ont fait mieux, et, si on parle un peu exagérément de record, c'est que mes Tours, je les ai fait tantôt à vélo (jusqu'en 1976, où il mis définitivement pied à terre à l'âge de 40 ans), tantôt comme caravanier et même un comme éclaireur, en 1971, pour RTL. J'y tiens à celui-là, car je l'ai aussi fait à vélo, un jour avant Merckx et Ocana."
S'il doit ne retenir qu'un Tour sur les quatorze qu'il à courus, Raymond Poulidor n'hésite pas : "1964, le plus beau", qui, depuis, a été élu "Tour des Tours" par un jury de spécialistes. Celui du coude à coude entre Anquetil et "Poupou" sur les pentes du Puy-de-Dôme, celui de la France partagée en deux. "Après 4300 km, seulement 55 secondes nous séparaient au Parc. 55 secondes. Une marge aussi mince, ça ne s'était jamais encore vu." Dans son livre, Raymond Poulidor dissèque ce Tour 1964, celui qu'il aurait du gagner. Sans aucuns regrets ni mélancolie. Mais avec panache: "Le super-champion, c'était lui, moi, je donnais le maximum, mais je n'arrivais pas tout à fait à sa hauteur."
Le 29 juin prochain, "Poupou" prendra le départ de son 51ème Tour, celui du centenaire de la Grande Boucle. Il aura 77 ans.
P.L.G.