Magazine Coaching
L’expérience montre que la désaffection de la lecture exerce une influence néfaste sur le développement des aptitudes rédactionnelles et oratoires. S’il est évident que cela est un signe inquiétant du désintérêt pour la culture (non seulement la nôtre mais aussi les cultures étrangères), cela est dans le même temps un marqueur inquiétant de l’ignorance de la vocation-même de la lecture.Lire est une action privilégiée qui régit notre écriture et notre parole, d’où la grande triade du développement intellectuel : lecture, parole, écriture. La signification de cette triade met en lumière les interactions de la lecture, de l’écriture et de la parole car nous savons qu’une thématique x est mémorisée d’autant plus facilement qu’elle est maintenue à un état dynamique ; nous contenter de lire un article relatif à cette thématique x ne nous permettra pas d’en retenir ni d’en comprendre la substantifique moelle : il est nécessaire d’en discuter, voire d’en débattre pour en « retrouver » les aspects les plus fondamentaux par l’action mnémonique de la parole. En effet, à la suite d’une conviction présocratique qui dit que « la parole crée la pensée », nous croyons que les actions de parler et d’écrire sollicitent la mémoire en ce qu’elles solidarisent logiquement les informations stockées de façon disparate dans le cerveau. Il ne faut jamais perdre de vue que tout ce que nos yeux perçoivent est maintenu à un état discret dans le cerveau : le processus de mémorisation s’enclenche par phénomène de répétition (l’acte de relecture, par exemple) mais aussi et surtout lorsque nous prenons l’opportunité d’écrire ce que nous inspire tel ou tel phénomène, puis d’en parler avec d’autres. Nous convoquons plus naturellement ce type de mémoire vive à la suite du visionnage d’un film ou d’une expérience personnelle ; et nous nous remémorons d’autant plus facilement les évènements que nous n’avons pas peur de créer une trame narrative littéralement « fabuleuse » et ce, d’autant plus si la personne n’a pas vu le film ni vécu l’expérience que nous évoquons. Cette liberté que nous prenons fait de nous des animaux non seulement politiques, comme le soutient Aristote, mais aussi poétiques, au sens plein de l’étymologie grecque de « poète » : celui qui crée.