Libre emprisonné

Publié le 05 octobre 2012 par Paulo Lobo
Il arpente le grand hall dans tous les sens. Il a soif. Il a envie de boire un verre d'eau. Ou un autre liquide. Plus il pense à sa soif, plus sa gorge est asséchée. Il sort son portefeuille de la poche intérieure de sa veste. Pour faire semblant, car il sait qu'il n'a pas un sou. Il ouvre le portefeuille et fait mine de s'étonner. Il marche en direction du distributeur d'argent. À deux mètres de celui-ci, il s'arrête et se gratte la tête. Il se retourne et il jette un coup d'oeil sur les gens qui défilent. C'est l'heure de pointe, et les aiguilles piquent les corps. Les êtres pressés n'ont d'yeux que pour leur pieds. Il se dit, je ne voudrais pas être à leur place. Il a pourtant envie de parler à qulelqu'un. Il ne reconnaît personne. Vite, la sortie. Il bouscule plusieurs personnes qui circulent en chemin inverse. Il ne remarque pas leur solitude urbaine. Il veut de l'air, du ciel, des rues. Il se retrouve sur le parvis de la gare. Il y a un monde fou, une agitation intense, des autobus et des voitures qui exécutent une valse mécanique. Il ne sait pas où aller.
Il essaye de se souvenir. Il ne sait même pas quelle heure il est. Qui est-il? Est-ce qu'on l'attend quelque part? Il est conscient que sa mémoire lui fait défaut. Il se sent léger et inquiet tout à la fois. Il se rappelle un bureau et un immeuble sur le plateau du Saint-Esprit. Sans se poser plus de questions, il s'engage sur l'Avenue de la Gare. Il y a un temps pour contempler et un temps pour agir.