L’expert
environnement : comment le définir ?
Tenter une définition de l’expert environnement relève
d’une gageure sans fin. Il conviendrait auparavant de définir la notion
d’environnement. Einstein, disait « c’est tout ce qui n’est pas moi …».
Pour tenter d’être pragmatique, l’environnement ce sont des
domaines, des systèmes : l’eau, l’air, les sols, les déchets,
le bruit…
L’expert, à l’image du juriste, ne peut raisonnablement pas
être spécialiste dans l’ensemble de ces domaines qui ont chacun leur spécificité,
physico-chimique, leur réglementation, leur économie et leur organisation.
Toutefois, en vertu du principe que l’« on ne résout pas un problème environnemental mais
qu’on le déplace », l’expert environnement doit
être sachant dans l’ensemble de ces domaines qui s’interpénètrent.
Ainsi, un lavage de fumées polluées transfert le polluant vers un autre
média, l’eau par exemple, une extraction d’hydrocarbures
d’une nappe phréatique impose le traitement de ses déchets, le nettoyage
d’une rivière souillée doit être pensé au regard de son écosystème et des
habitats des espèces qui la colonisent…
L’expert environnement est donc, paradoxalement, à la fois un
spécialiste et un généraliste.
Il se place comme une interface à la confluence de domaines pour
faciliter la mise en place de la solution de remise en état.
Il doit aider à la mise en œuvre coordonnée, systémique, des
moyens de remise en état.
Son statut est donc assis sur une solide formation et un cumul
d’expérience qui se construit dans le temps.
Il est tout naturellement prédisposé à suivre une logique de
développement durable puisque son action doit nécessairement prendre en
considération le volet économique, le volet social et le volet environnemental.
La transformation du
métier : la remise en état, la réparation
La loi française veut la remise en état. C’est aujourd’hui
un sujet qui mérite d’être revisité. Car rien ne sera jamais comme avant.
Mais si, effectivement, rien ne sera plus comme avant, « après » peut être mieux
qu’« avant ». La
remise en état aurait été réductrice. Voilà le changement de paradigme qui est
au cœur de la transformation de la profession.
Elle a des conséquences profondes sur son métier :
-
L’objet de l’expertise
environnementale se transforme : de la réparation d’un préjudice subi
par un tiers identifiable, au traitement d’un problème d’intérêt
général.
-
L’expert a deux guides :
La résilience, qui consiste à retrouver un équilibre
nouveau après un choc subi, et la nécessité de
dépassionner les problèmes pour appliquer des
solutions adaptées.
-
L’expert devient un
catalyseur, un intermédiaire, un régulateur entre les systèmes, technique,
juridique, économique et social, pour contribuer à une sortie équilibrée de la
crise que constitue une « pollution ».
Cette action participe donc au développement de solutions dans
l’intérêt général, qui rendent les conditions de vie meilleures, durables
et, surtout, qui rompent avec le défaitisme ambiant ou la vision courte qui
bloquent les initiatives et les actions.