Composition : Romantisme 40% – Mélancolie 40% – Autodérision 20%
Posologie : à écouter sans modération lors de soirées automnales à la lueur d’une bougie.
Contres indications : album à proscrire en cas de dépression chronique ou suite à une rupture… Quoique…
C’est après 5 années d’abstinence, sans compter son EP 5 titres « An Argument with Myself « en 2011, que Jens Lekman va combler les romantiques au cœur tendre avides de mélodies et de paroles gorgées de tristesse. Habitué à nous livrer des perles pop suaves bourrées de spleen ( » When I said I Wanted To Be Your Dog » en 2004, « Oh You’re So Silent Jens » en 2005 et « Night Falls over Kortedala » en 2007), le suédois franchit le cap des 3 bijoux avec brio pour nous livrer son dernier opus « I Know What Love Isn’t » fidèle à son corpus vague à l’âme tout en auto-dérision.
Une pochette pure qui laisse présager un grand bol d’air, tout droit venu du nord (enfin pas tout à fait car Jens vit actuellement en Australie) si ce n’est du nord donc, de grands espaces certainement…
Adeptes de mélancolie, de sonorités parfois il faut bien l’admettre au cliché un peu kitsch, « I know What Love Isn’t » répond à l’appel. Car il s’agit bien d’amour dont Jens nous parle ici d’un amour aux reflets d’ébène, profond et sombre un amour perdu, érodé par le temps, un de ceux que l’on ne souhaiterait pas même à son pire ennemi. Et pourtant, il sait y faire et apporte sa touche perso de petits mots piquants drôles de manière à avaler plus facilement la pilule et à digérer aisément nos peines de cœur (se moque t il des siennes ? des nôtres ??…) « I wish I never met you, like I wish I’d never tasted wine or tasted it from lips that weren’t mine”…
On y retrouve sa voix grave aux sonorités de crooner, qui, appuyée par des arrangements pop, limite discos nous rappellent que Jens est le maître en la matière ; là où d’autres se ridiculiseraient, il sait savamment doser le tout pour en extraire la quintessence même des ballades.
Alors on s’engouffre dans ce vide, en se laissant doucement porter par « Every Little Hair Knows Your Name » petite intro au piano qui plante le décor et clos l’album, pour définitivement sombrer à l’écoute de « She Just Don’t Want to Be With you Anymore ». Ou encore sans trop savoir où il nous mène avec « The World Moves On » il nous fait voyager dans la chaleur de Melbourne, au détour d’un parc pour finalement nous planter devant la réalité « ..and you don’t get over a broken heart, you just learn to carry it gracefully. »
Finalement ballottés entre tristesse et sourires, mélancolie et oubli, on choisit de se laisser porter et d’oublier nos peines de cœur le temps de l’album…
Secretly Canadian / Difer-ant Distribution