Depuis quelques temps, ma fibre écolo me titille de plus en plus. Marre des hypermarchés et autres Pouêt-markets. Leurs fruits-légumes ont certes un total look irréprochable, mais question saveur c'est la cata. Sans parler des cochonneries résiduelles (pesticides et autres joyeusetés). Et quelle idée de nous proposer des fraises et melons dès mars-avril ! J'ai bien tenté le supermarché bio, mais j'ai de plus en plus de mal à supporter l'idée même de me rendre en grande surface. Aïe.
J'ai donc rejoint récemment une AMAP...
Quèsaco donc que cette chose-là ?
Association de Maintien de l'Agriculture Paysanne. Le concept est relativement récent puisque la 1ère AMAP date de 2001. C'est un partenariat entre un producteur et un groupe de consommateurs. Il permet d'assurer un revenu au professionnel lui permettant de tenir le choc face à la grosse artillerie de l'industrie agro-alimentaire. Et de mon côté, je récupère un "panier" de légumes succulents chaque semaine. Tout en tapant la discut' avec les autres AMAPiens présents au rdv, et avec le producteur. Bref, combiner bonne action, qualité et convivialité, c'est tout de même moins glauque que de pousser en solo son caddy rempli de tomates bof-bof !
Le nombre d'adhérents par session est défini dès le début, 35 chez nous. Ben oui, la capacité de production du producteur n'est pas infinie ! Je suis arrivée en cours de route, mais j'ai eu la chance de pouvoir prendre la suite d'une famille qui souhaitait passer la main.
Et voilà comment cela se passe chaque semaine...
Distribution des paniers de légumes AMAP de Claix par testsdesophie
Du coup la famille découvre ou redécouvre des légumes !
SoSo perplexe devant son bouquet de "plantes vertes" :
Côté enfants, ce n'est pas mieux... :
Les betteraves par testsdesophie
Heureusement, le producteur et les autres AMAPiens donnent des conseils à qui le demande pour cuisiner les légumes. Et les copines aussi : Denise pour les recettes (logique quand on anime un blog cuisine : Gourmandenise)- blettes en gratin ou à la provençale (hors blog), salade russe à base de betteraves) et Evelyne pour le décryptage des aliments (logique quand on anime un blog sur l'alimentation : Foodcoaching - les blettes, les betteraves).
Allez, à ce sujet et juste pour rire, un clin d'oeil de Margaux Motin :
(cliquez pour agrandir)Bref, on a encore du chemin à parcourir !
C'est intéressant aussi de zieuter du côté du back office...
... Car contrairement à ce que je pensais, le fonctionnement d'une AMAP ne repose pas sur un simple bidouillage entre producteur et consommateurs. Que nenni !
Lorsqu'un groupe de consommateur veut créer une AMAP, il cherche obligatoirement localement un producteur qui accepte (et respecte ensuite !) toute une batterie de points incontournables. Des choses évidentes comme "une bonne qualité des produits : gustative, sanitaire, environnementale". Mais aussi des pratiques de bonne moralité comme "le respect des normes sociales par rapport aux employés de l'exploitation, y compris le personnel temporaire". Ou encore des qualités relationnelles avec "une information fréquente du consommateur sur les produits". De son côté, le groupe doit aussi respecter des principes fondateurs, comme par exemple "la solidarité des consommateurs avec le producteur dans les aléas de production". Le prix est fixé de façon équitable et transparente pour chaque saison. Quand tout est carré au point de vue charte, la création de l'AMAP est soumise à l'approbation du réseau qui chapeaute les AMAP du coin. Et le tout est formalisé par un contrat solidaire à durée déterminée entre le producteur et chaque consommateur. La livraison des "paniers" est soumises aussi à quelques règles. C'est notamment le producteur lui-même qui doit en assurer la livraison. L'idée étant qu'il y ait un lien au moment de la vente entre le producteur et le consommateur. Du coup, il ne peut pas jouer les intermédiaires pour un autre gars qui vend des oeufs si lui ne fournit que des légumes. Autre chose, le "panier" a une valeur mais pas forcément exactement la même d'une semaine sur l'autre : suivant la période de l'année il est plus ou moins garnis et varié. Chaque AMApien a payé un forfait à l'avance, c'est le coût de tous les paniers fournis sur la saison qui doit être en accord avec le tarif global validé à la base. Une AMAP locale fait partie d'un réseau départemental, reliée au réseau régional, qui est lui-même rattaché au réseau national. Il existe même un réseau international ! Notre réseau régional Alliance PEC Rhône-Alpes organise des "visites SPG" (= Système Participatif de Garantie) pour voir ce qui se passe sur le lieu de production. En effet, le producteur s'engage à respecter les principes fondateurs de la chartre éthique. C'est donc pas mal de le rencontrer chez lui en début de partenariat pour discuter avec lui de son mode de fonctionnement et lui proposer un accompagnement ou des formations si besoin. Et aussi plus tard pour voir s'il reste bien dans les clous. D'un autre côté, ces visites peuvent aussi vérifier qu'une organisation qui se dit AMAP en est vraiment une ! Ce travail d'évaluation fait partie du fonctionnement de base d'une AMAP.Allons donc rencontrer Emmanuel dans sa ferme de Préfaucon - Mens 38 :
Visite producteur de légumes - AMAP de Claix -... par testsdesophie
Gilles avait envoyé récemment un mail demandant un ou 2 volontaires pour une visite SPG chez notre maraicher. Bien évidemment, j'ai sauté sur l'occasion ! Et voilà comment je me suis retrouvée là-bas en tant qu'AMAPIenne de l’AMAP concernée. En compagnie de Laure animatrice SPG à l'Alliance PEC Isère, de Monique représentante du réseau local des AMAP Alliance PEC Isère, et de Pierre (+ son futur collaborateur Laurent) producteur en AMAP sans rapport avec l'AMAP concernée maraicher à Varces (il livre 3 AMAP) pour le regard professionnel que nous n'avons pas forcément.
Il ne s'agissait pas d'un "contrôle" à proprement parler, mais bien d'une "visite participative". Donc plutôt une rencontre permettant avant tout de partager des attentes et des expériences. Et d'orienter si besoin le producteur.
Tout au long de la visite, Laure a rempli un document qui passe tout à la moulinette : système de production (historique, lieux, productions, projets...), pratiques agricoles (équipement, irrigation, lutte contre les maladies...), orientation agricole (bio, réseaux), engagement en AMAP et viabilité économique / vivabilité (motivation de l'engagement, prix, organisation des distributions...), évaluation de la ferme vis à vis de la charte des AMAP. A la fin, Laure a mis en avant quelques pistes de réflexion et de formations. Et c'est comme cela que la conversation a repris de plus belle jusqu'à ne plus se voir car la nuit était tombée !Pierre, lui, a donné beaucoup de conseils à Emmanuel pour son exploitation. Ce partage d'expérience est important pour le producteur pour améliorer son exploitation. Et il se sent moins seul en se rendant compte que d'autres aussi peuvent rencontrer les même difficultés.Monique n'en était pas à sa première visite de ce type et connaîssait déjà les difficultés rencontrées dans ce métier. De mon côté, même si je me doutais que ce n'est pas simple, c'était vraiment une bonne chose de se rendre compte par soi-même des conditions de travail du producteur. Ce qui permet de relativiser en gardant à l'esprit qu'adhérer à une AMAP demande de faire quelques concessions aux saisons et aléas climatiques ou autres !----------
Bonus
Pour tous ceux qui n'ont toujours rien compris, ou qui ont eu la flemme de lire ma prose...
Lili du blog Lili aime le nougat a résumé en quelques illustrations bourrées d'humour ce qu'est une AMAP. A quelques détail prêts (par exemple, notre engagement chez nous est de 6 mois et non de 1 an) c'est la même chose pour notre AMAP (cliquez pour agrandir) :