Lorsque j'ai, le week-end dernier, préparé ma chronique radiophonique sur la compétitivité, chronique que j'ai titrée Et maintenant la compétitivité, je me suis dit que j'étais un peu à contre-temps, que l'actualité, c'était le Traité européen et le budget, qu'il serait toujours temps d'en parler au moment de la sortie du rapport Gallois. J'avais tort de m'inquiéter (ou, plutôt, raison de choisir d'en parler) puisque dés le lendemain, Le Monde titrait sur les réflexions de l'Elysée sur le sujet. Réflexions menées en parallèle de celle de Louis Gallois? Probablement pas. Reste que le "timing", l'échéancier est étonnant : pourquoi ne pas attendre quelques semaines que Gallois et ses collègues aient eu le temps de terminer leur rapport?
La réponse est sans doute à chercher dans cette autre information qui occupe depuis 24 heures (guère plus) les journalistes économiques : le succès d'une pétition lancée par quelques entrepreneurs qui ne veulent pas payer plus d'impôts (les pigeons). Pétition dont ces journalistes répètent à l'envie les arguments (on va tuer l'esprit d'entreprise et le développement des start-up) sans une seconde s'interroger sur le modèle économique de ces start-up du secteur informatique (moteurs de cette pétition) qui ne se créent que pour mieux se vendre, qui ne créent le plus souvent aucune richesse (où est leur chiffre d'affaires?) et dont les fondateurs (et investisseurs) ne font fortune que parce qu'ils ont su impressionner les dirigeants de quelque grand groupe traditionnel qu'internet fascine alors qu'ils n'y comprennent pas grand chose.
Le gouvernement a bien envoyé au front Fleur Pellerin pour désamorcer la contestation et montrer qu'elle était surtout politique, cela n'a pas suffi. Il fallait un geste fort. L'annonce précipitée des 40 milliards de baisses de charges étalées sur cinq ans a fait l'affaire. J'imagine que de l'entendre a soulagé beaucoup de chefs d'entreprises et que cela a attristé la droite (il fallait entendre NKM sur le sujet, expliquant que ce serait une mauvaise idée sauf que c'était copié de Sarkozy). Mais le gouvernement a pris un risque : celui de s'obliger à réaliser ces baisses de cotisations sociales ou de se dédire et de décevoir.