Aux États-Unis, l'exploitation du gaz de schiste a un impact économique important. Au lieu de simplement fermer la porte, par dogmatisme ou calcul politique, nos élus devraient au moins en débattre.
Par David Descôteaux, depuis Montréal, Québec.
Pendant qu’au Québec — et en France — on « enterre » les gaz de schiste, aux États-Unis cette ressource est en train de sauver l’économie.
L’impact qu’exerce le développement de l’industrie énergétique au sud est hallucinant. Mark Perry, professeur d’économie à l’université du Michigan, a réuni quelques chiffres pour son blogue :
— Les emplois directs liés au secteur énergétique ont augmenté de plus de 27 % depuis 2008.
— Dans la dernière année, les entreprises de pétrole et de gaz américaines ont embauché en moyenne 100 nouveaux travailleurs chaque jour ouvrable, pour des activités liées à l’exploration de pétrole et gaz de schiste.
— Depuis 2002, plus d’un million d’emplois ont été créés grâce à l’exploration pétrolière et gazière, selon le USA Today, cité par le professeur.
— Les industries qui gravitent autour du secteur énergétique créent également des milliers d’emplois indirects chaque mois. De la construction jusqu’aux services financiers, en passant par l’extraction et le traitement de sable bitumineux.
Et on ne parle pas de "McJobs". Toujours selon le USA Today, six des huit emplois les plus en demande de l’industrie sont liés de près ou de loin à l’ingénierie.
Bouée de sauvetage
Sans le « stimulus » économique de ce boum énergétique, l’état de l’emploi et de l’économie en général serait bien pire qu’en ce moment chez nos amis yankees, comme le souligne M. Perry.
Encore mieux : la production de gaz de schiste fait chuter le prix du gaz naturel, entre autres. Ce qui dope la compétitivité de l’économie américaine, en abaissant la facture énergétique de plusieurs entreprises. Ces bas prix attirent aussi des milliards de dollars d’investissements, qui auraient abouti dans d’autres pays sinon.
En 2010, l’industrie du gaz de schiste à elle seule soutenait plus de 600 000 emplois aux États-Unis, selon la firme de consultants IHS. En 2015, ce sera 870 000. Et en 2035, plus de 1,6 million…Mais ici, on peut se passer de tout ça, semble-t-il. On a dit niet aux gaz de schiste. Moratoire complet !
Les préoccupations environnementales sont certes légitimes, et il faut avancer avec prudence. Mais d’autres le font sans que ce soit la fin du monde. Et dans ce dossier hautement émotif, il faut aussi regarder les chiffres. Imaginez ce qu’un tel boum économique aurait comme impact sur notre économie. Et surtout sur nos finances publiques, qui ne vont nulle part.
Au lieu de simplement fermer la porte, par dogmatisme ou calcul politique, nos élus devraient au moins en débattre. Et essayer de trouver un compromis. Avant de manquer le bateau pour de bon.
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