Après presque 3 ans à habiter le 16ème arrondissement de Paris (excusez du peu), j'avais envie de te dépeindre un joli tableau de ces grandes avenues aux trottoirs assez larges pour dépasser rapidement les hordes de grands mères qui marchent à deux à l'heure (et dieu sait qu'elles sont vraiment nombreuses dans le 16ème).
Dans le 16ème, les nanas ont toutes des mini clébars inutiles, le genre de chien si petit que déjà, si tu fais pas attention, il se peut que tu l'écrases par mégarde. Le chien devient presque un accessoire de mode, on l'entretien souvent chez le toiletteur pour que le bébé à sa maman ai le poil lustré et la canine qui scintille. Bon, soit, dans le sud aussi, les cagoles aiment bien les mini chiens inutiles. Mais dans le 16ème, vois tu, les gens sont bien trop posh pour ramasser les minis crottes des minis chiens. Il y a donc des endroits minés qu'il faut connaitre pour éviter la mauvaise surprise (attention aux petits squares, aux petites ruelles désertes). Ce serait trop demandé à ces dames de se pencher munies des sacs plastiques prévus à cet effet pour éviter de polluer l'atmosphère. Et puis si un flic leur met une amende, de toute façon, elles s'en tapent un peu : 50 euros pour elles, c'est des cacahuètes (et pour moi, 2 semaines de courses).
Dans le 16ème, les gens ne savent définitivement pas conduire. Jamais de la vie je ne prendrai le risque de garer ma sublime golf dans les rues les plus huppées de Paris. Parce que pour faire un créneau, les gens ont une technique ma foi rustre mais diaboliquement efficace : quand ça touche devant, ils reculent, hop quand ça touche derrière, c'est le signal qu'il faut mettre la 1ere. Un désastre en somme, toutes les minis cooper qui dorment dans la rue sont pleines de bosses. Et puis, l'habitant du 16ème, reste parisien avant tout. C'est un grand impatient : si un camion bloque la rue deux minutes 30 pour une livraison, on a le droit à un concert de klaxons, encore pire que si c'était un mariage.
Dans le 16ème, les putes du bois de boulogne squattent les ruelles dans leur voitures citadines, sur le bas côté ou en double file. Le signal est simple, elles mettent leurs warnings et patientent tranquillement qu'un riche du 16ème marié depuis 25 ans avec une dame au mini chien qui ne ramasse pas les minis crottes se ramène. Je n'ai seulement pas encore élucidé un mystère : où diable vont ils faire leurs affaires? Je n'ai encore rien cramé sur la banquette arrière, grand bien m'en fasse. Le 16ème est donc, contre toute attente, fort bien famé.
Dans le 16ème, si tu ne fais pas tes courses au monoprix, tu es un has been. Pour te dire, le lidl est caché dans une rue introuvable, à l'abris des regards indiscrets. C'est le repère des concierges des grands immeubles et des étudiants un peu fauchés comme moi. Au début du mois, tu te permets une escapade monoprix-stique, t'achètes des trucs michel & augustin, tu payes 3 tomates et 1 demi concombre 12 euros, mais tu le vis bien, tu te dis que c'est sain, que c'est bon, tout ca. Faux! Zéro gout pour les tomates. Et le cookie Michel&Augustin était trop sec.
Dans le 16ème, je t'en ai déjà parlé de ceux là, il y a aussi les petits mecs de 12 ans et demi qui trainent à la terrasse des café en fumant clope sur clope. J'ai très envie de les sermonner en leur disant que s'ils fument déjà, jamais un poil ne leur poussera sur le corps, et qu'au lieu de trainer à faire les beaux en terrasse, ils feraient mieux d'apprendre leurs verbes irréguliers, mais comme ils me font bien rire, je m'abstiens.
Bref. Le 16e va me manquer finalement. C'est toujours drôle de se moquer des mamies complètement tirées, ou des vieux beaux qui font leur footing à moitié à poil dans le bois de boulogne (guettant si tu regardes leurs muscles bien cachés sous des gros ventres un peu pendants) (moi perso je détourne le regard, j'ai peur de vomir). Et puis les grands trottoirs, y'a pas à dire, c'est vraiment très pratique.