Brassages culturels

Publié le 04 octobre 2012 par Toulouseweb
Le plus attractif des employeurs de France : Airbus.
Le mois prochain, ŕ l’occasion de sa séance solennelle annuelle, l’Académie de l‘air et de l’espace remettra son Grand Prix ŕ John Leahy, chief operating officer-customers d’Airbus (directeur général commercial). Seront ainsi récompensés d’incessants efforts, déployés avec grand succčs, qui ont permis ŕ l’avionneur européen de faire la course en tęte, de maničre durable. Le bilan est spectaculaire avec, ŕ ce jour, 11.863 avions vendus et 7.406 livrés. C’est une réussite européenne et mondiale, exemplaire ŕ tous points de vue.
John Leahy mérite amplement cette récompense, d’autant qu’elle a valeur de symbole. Cette distinction est en effet attribuée ŕ un citoyen américain, basé ŕ Toulouse, dont le champ d’action est tout simplement le monde entier. Airbus occupe 55.500 personnes, au moins le double en prenant en compte sous-traitants et fournisseurs, et de 120 nationalités différentes, un grand brassage culturel.
Il est d’autant moins étonnant que l’avionneur vienne aussi d’ętre élu pour la deuxičme année consécutive Ťemployeur le plus attractif de Franceť. De France, et non français, la nuance est importante, męme s’il s’agit ici de prendre uniquement en compte les activités installées dans l’Hexagone. La récompense repose sur un sondage conduit par l’institut OpinionWay auprčs de 12.000 internautes, salariés et demandeurs d’emploi. Ils ont mis en avant l’image, la diversité, le management de l’entreprise, une belle récompense pour sa direction des ressources humaines, d’autant que le ŤPalmarčs Employeurs 2012ť donnait le choix entre un millier de sociétés.
Au moment oů l’actualité économique est envahie par de trčs mauvaises nouvelles, que des pans entiers de l’industrie française se lézardent (l’automobile, la sidérurgie, etc.), la réussite d’Airbus a quelque chose d’insolent mais aussi de rassurant. Cette année, comme en 2011, l’avionneur aura engagé 4.000 personnes, dont la moitié en France. Son carnet de commandes est richement garni et justifie la montée en cadence de la quasi-totalité de ses modčles, tandis que l’A350 se prépare ŕ entrer en scčne. Au forum de l’emploi organisé cette semaine dans le cadre des Rencontres aéronautiques et spatiales de Gimont (Gers), le stand d’Airbus est assuré de recevoir de nombreux jeunes. D’autant que la société ouvre ses portes ŕ 3.000 stagiaires en męme temps qu’elle a programmé 5.000 mobilités internes.
Voici donc l’Europe ŕ la fęte, l’Europe qui gagne. Mais aussi l’Europe qui peine : au męme moment, la maison-mčre d’Airbus, EADS, se heurte ŕ de sérieuses difficultés sur la voie de son projet de fusion avec BAE Systems. Ainsi, une empoignade d’origine purement politique conduirait certains décideurs (ou supposés tels) ŕ exiger que leur pays soit choisi comme terre d’accueil du sičge du futur groupe trans-Manche. Une requęte d’apparence anecdotique, certes, mais malheureusement susceptible de bloquer la négociation.
Une occasion supplémentaire de souligner qu’Airbus, passée l’époque des pionniers et des pčres fondateurs, a réussi malgré les politiques. Une leçon cuisante qui n’a pas été retenue par les hommes et les femmes de pouvoir d’aujourd’hui. Au moins 55.000 personnes ont le droit d’ętre profondément choquées par ce comportement pusillanime.
Pierre Sparaco - AeroMorning