On ne change pas une équipe qui gagne et ce soir, face à Newcastle, l’autre grand favori de la poule D, Francis Gillot pourrait être tenté d’aligner de nouveau son 5-3-2. Ce système résolument défensif mais efficace a beaucoup fait parler ces derniers jours.
Depuis leur hold up à Lyon dimanche dernier (0-2), les Girondins sont accusés de sacrifier le spectacle au résultat. Cette tactique peu enthousiasmante, et c’est un euphémisme, a pourtant porté ses fruits à chaque fois que le technicien girondin l’a utilisée cette saison, que ce soit à Paris (0-0), Valenciennes (0-0) ou Lyon. Le bilan chiffré est implacable - cinq points, aucun but encaissé - et il devrait suffire à éteindre tout début de polémique. Mais l’image des Girondins subissant les vagues Lyonnaises disposait dimanche soir, sur Canal+, d’une audience nationale en tant que match phare de la 7e journée. Et la première fois que Bordeaux avait bénéficié d’une telle exposition, c’était au Parc des Princes, pour une production également lénifiante et pauvre sur le plan des intentions offensives. Une redondance suffisante, aux yeux de la France du foot, pour accoler aux Marine et Blanc l’étiquette d’une équipe solide mais ennuyeuse : « Pour moi, le football, c’est jouer, pas affronter des équipes qui refusent le jeu et ultra-défensives » accusait le défenseur Lyonnais Dejan Lovren au terme de la partie. Même chez les joueurs Bordelais, on ne sentait pas une franche adhésion à ce dispositif tactique qui privilégie l’anéantissement des initiatives adverses à la construction d’un jeu offensif : « on a gagné donc on va dire qu’on a pris du plaisir, glissait un Jaroslav Plasil un brin désabusé. Nous avons beaucoup couru mais c’est le système qui veut ça. Les trois points sont très importants.»
Seul le résultat compte et Francis Gillot le sait bien. Face à une équipe de Newcastle qui ne brille guère par sa puissance de feu - huit buts seulement marqués en Premier League depuis le début de la saison, soit autant que de buts encaissés -, le technicien girondin pourrait aussi être tenté de revenir à un système plus audacieux. Contre Bruges, lors du premier match de la phase de poule, c’est avec une défense à quatre que son équipe avait réussi une entrée fracassante (4-0). Pouvoir alterner différents dispositifs tout en restant compétitif, c’est l’une des forces de la formation au scapulaire sous l’ère Gillot.
Des Magpies à l’accent français
Et dans l’enfer de Saint-James’Park, les Marine et Blanc devront éviter de subir autant qu’à Gerland dimanche dernier. Avec sa forte colonie de joueurs Français - Cabaye, Ben Arfa, Obertan, Amalfitano, Marveaux -, Newcastle n’aborde pas cette rencontre sans repères : « nous connaissons très, très bien cette équipe bordelaise, affirme Alan Pardew, l’entraîneur des Magpies. En revanche, nous avons vu avec les joueurs afin d’avoir des détails sur les individualités. Ils nous ont donné des informations très pertinentes. C’est important de bien connaître son adversaire.»
Lors de la première journée de cette phase de poule, Newcastle avait obtenu le partage des points sur la pelouse du Maritimo Funchal (0-0). Mais pour le coach anglais, l’état d’esprit de ses joueurs sera différent ce soir : « c’est peut-être le premier match que nous prenons réellement au sérieux dans cette Europa League. Après sa très belle victoire face à Bruges, Bordeaux est peut-être devenu le favori du groupe. Il s’agit d’une très bonne équipe.»
Pour Bordeaux, il s’agira de faire bonne figure sans laisser trop de force dans la bataille. Dès dimanche à 14h, il faudra rechausser les crampons. Pour son troisième déplacement de la semaine, pas le moins important, Bordeaux jouera à Brest. •
OSF
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