Exposition John Cage au MAC Lyon, vue d'expo
L’exposition sur John Cage au MAC Lyon (jusqu'au 30 décembre) impressionne et déroute ; c’est, à l’occasion de son centenaire, un hommage à Cage sous forme de l’évocation de son admiration pour Erik Satie. Au mur, des copies de ses notes et partitions : fascinant sans doute pour l’aficionado, mais un peu ardu pour les autres. Sa musique est diffusée dans tout l’espace par un procédé technique révolutionnaire (mais auquel je n’ai rien compris…), sans qu’on sache précisément quelle pièce on entend : tout aussi fascinant pour le cageôlatre, mais lassant pour le béotien que je suis. Sur quatre écrans sont projetées des pièces de Merce Cunningham : là j’étais dans un univers plus familier, mais je ne sais pourquoi les commissaires ont choisi d’en rendre la vision malaisée. Les copies provenant des archives John Cage sont en très mauvais état, les écrans sont trop grands, trop éclairés, en somme on n’y voit pas grand-chose ; on ne manque pourtant pas de vidéos de danses de Cunningham sur musique de Cage. J’ai quand même pu regarder longuement la moins mauvaise projection, Second Hand sur la musique de Cheap Imitation (et les costumes sont de Jasper Johns, un bonheur…), nonchalamment vautré dans une chaise longue (photo ci-dessus). Ce fut le meilleur moment de cette exposition quasi invisible.
George Brecht, Water Yam
A un autre étage du MAC, enlever mes chaussures, me coucher sur la moquette et m’assoupir en écoutant du LaMonte Young n’est pas non plus exactement ma tasse de thé, mais bon… Heureusement, le musée est parsemé de petits aphorismes de George Brecht, extraits de Water Yam, invitant le spectateur à faire quelque acte absurde, et les visiteurs du musée sont parfois invités à le faire eux-mêmes. C’est le plus réjouissant…
Bojan Sarcevic, Presence of Night, 2010
Bojan Sarcevic, She, 2010
Toujours à Lyon, à Villeurbanne plutôt, l’IAC présente le travail de Bojan Sarcevic (jusqu'au 18 novembre). Ses sculptures en onyx, à l’entrée, He & She, sont imposantes, majestueuses et jouent sur le rugueux et le poli de manière très sensuelle. A côté, une branche d’arbre sort du mur, et, en regardant bien (il faut emprunter la veste noire d’une visiteuse pour les rendre visibles) on voit des cheveux blonds qui y sont accrochés : la nymphe Daphné, je ne sais, mais une petite pièce toute simple et assez émouvante.
Plus loin, des jeunes femmes en petite tenue manipulent un objet minimaliste, des lettres envoyées de Palestine n’atteignent pas leur destinataire, de la viande repose dans une demi-pastèque pour nourrir un hypothétique chat de passage, un dispositif filmique complexe montre des images architecturées déconstruites : rien qui égale la force des sculptures de l’entrée (à l’exception peut-être d’un objet en bois de poirier et laiton, représentation déformée d’un immeuble moderniste, à la fois précieux et rude). Trop de dispersion à mon goût.
Enfin, l’ensemble d’expositions Des Méditerranées se déroule dans l’agglomération lyonnaise jusqu’en novembre/décembre (dates variables selon les lieux) : je n’ai vu que Taysir Batniji à la BF15, mais je me suis promis de revenir voir le reste.
Photos de l'auteur. George Brecht étant représenté par l'ADAGP, la photo de son oeuvre sera ôtée du blog à la fin de l'exposition.
Voyage à l'invitation du MAC et de l'IAC