ArcelorMittal a confirmé lundi 1er octobre la fermeture définitive des hauts-fourneaux du site de Florange. Les réactions "indignées" de la classe politique ne se sont pas fait attendre.
Par Baptiste Créteur.
Nous vivons une triste époque. Les hommes et femmes politiques français profitent d'une crise dont ils sont largement responsables pour donner à qui veut bien l'entendre leur vision du monde. Proposer voire exiger la mise en place de mesures nauséabondes et nier les droits les plus fondamentaux ne fait plus bondir personne ; on cherche désespérément le dernier kangourou au milieu de tant de buses.
Commençons par le plus modéré :
Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, a, lui, estimé que "ce désastre était prévisible. Il est la conséquence directe et logique de choix politiques absurdes. En 2006, au moment du rachat par Mittal d'un de nos fleurons Arcelor, j'avais été le seul député à mettre en garde contre ce baiser de Judas. (...) À la même époque le gouvernement allemand, bien plus malin, interdisait toute participation de Mittal dans son secteur sidérurgique. Que ce soit à Gandrange ou à Florange, le géant indien n'a pas investi une roupie."
Choix politique absurde : laisser les investisseurs investir en France, laisser les actionnaires d'Arcelor vendre à qui bon leur semble, bref, laisser les gens choisir. Quand aurons-nous enfin des supermarchés avec un seul type de yaourts, de lait, de chocolat, et un parti unique pour simplifier les élections ?
Vous avez raison, le désastre était prévisible. Mais alors, pourquoi tout le monde fait-il semblant d'être surpris ? Pourquoi n'a-t-on pas expliqué aux Français ce qu'il se passe et ce qu'il va se passer ? Après avoir consulté ma boule de cristal et lu l'avenir dans les entrailles des entrepreneurs, j'annonce dans les mois à venir d'autres fermetures de sites et d'entreprises, d'autres plans sociaux, d'autres licenciements ; j'espère que nous aurons droit la prochaine fois à encore plus de propositions liberticides rigolotes.
Dans l'opposition, Marine Le Pen, présidente du Front national, a dénoncé "avec fermeté l'ultimatum posé par Mittal à l’État français, et plus encore la mollesse et l'indignité de la réaction du gouvernement Ayrault face à l'injonction d'un groupe privé. Les activités de Florange doivent être maintenues et l'emploi sauvegardé (...) [Je] propose et demande à ce que l’État intervienne immédiatement en prenant le contrôle du site pour un euro symbolique", ainsi que "le vote d'une loi 'achetons français', réservant les marchés publics de fourniture et de construction aux entreprises utilisant des produits extraits ou fabriqués en France".
Le gouvernement ne va tout de même pas plier devant un groupe privé ? Ne soyez pas mous, camarades ! Depuis quand une entreprise décide elle-même de fermer un site ? L’État peut en prendre le contrôle puisque la propriété privée, c'est pour les chiens.
Gardez, Madame, votre euro symbolique : appelons un chat un chat, et n'essayez pas de faire passer une expropriation pour une transaction. Envoyez vos soldats et vos policiers prendre le contrôle par la force puisque c'est, en ultime recours, ce que fait un État qui ne respecte pas les droits des individus et entreprises.
Quant à votre proposition de loi anti concurrence, elle fera payer plus cher les mêmes produits, protégera les entreprises françaises qui cesseront d'innover et provoquera sans nul doute une flopée de lois "n'achetons pas français" ailleurs dans le monde qui nous empêcheront d'exporter. Je vous laisse par ailleurs le soin de trouver des entreprises d'extraction de gaz, pétrole et uranium en France pour répondre aux marchés publics.
Du côté du Parti communiste français, on estime que "ni le président de la République ni le gouvernement ne peuvent accepter que la France se couche devant Mittal (...), l'exterminateur de la sidérurgie française. L’État a l'obligation, dans ce contexte, d'intervenir dans le conseil d'administration d'ArcelorMittal avec la puissance publique pour refuser le démantèlement d'un fleuron de la sidérurgie française et exiger immédiatement le remboursement des millions de fonds publics versés à Mittal."
Les producteurs d'acier sont les exterminateurs de la sidérurgie, c'est bien connu et c'est pour ça qu'on ne veut pas qu'ils partent. Encore une fois, déployons la puissance publique avec ses gros biceps et ses fusils qui brillent pour empêcher les entreprises de prendre les décisions qui leur reviennent. Que l’État intervienne dans le Conseil d'Administration, si possible vêtu d'un dossard, tenant un mégaphone et en bloquant la porte d'entrée. Ça permettra au Conseil d'Administration d'être aussi improductif qu'une usine bloquée, meilleur moyen d'attirer des repreneurs.
Au lieu de chercher à courir plus vite que les autres la course du progrès où ils se savent mal partis, les hommes politiques français préfèrent se tirer une balle dans le pied en espérant gagner une médaille aux paralympiques.