25/09 - 26/03 - Les mardis de la philo - Théâtre du Vaudeville

Publié le 03 octobre 2012 par Naira
« Le concept des Mardis de la Philo n’est nouveau qu’en Belgique. La France propose déjà depuis plusieurs années ses conférences philosophiques matinales. Le principe est simple : Faire s’ouvrir au monde actuel, avec l’envie de déranger les lieux communs et les certitudes, un public large, ouvert et curieux d’esprit avec de la philosophie très bien et simplement expliquée ! »
Sortons de notre tête l’image de la philosophie accessible qu’aux érudits et philanthropes. Elle n’est pas égoïste et « au-dessus » des problèmes concrets du monde… Nous pouvons tous apprendre à philosopher. Les mardis de la philo sont en cela, sans conteste, un projet formidable : donner accès à des conférences de philosophie de niveau adéquat au large public. Chaque orateur invité durant 6 matinées développe un thème qui est souvent en lien avec l’actualité. Le choix est libre parmi les conférences dans les huit cycles proposés.
Il n’y a rien à redire sur le projet, l’initiative de base, ni même l’organisation. Les conférences se font dans la jolie salle du Théâtre du Vaudeville qui, confortable, vous permet d’apprécier les réflexions de l’orateur souvent choisi pour ses savoirs et son esprit pédagogue. En cela, vous êtes sûr de passer un bon moment et en ressortir avec des questions et voire même peut-être parfois des réponses.
Sachez tout de même que cela est d’avantage destiné à un public âgé et disponible. Même si tous le monde est accueilli chaleureusement, cela reste le mardi matin, heure de travail pour certain ou d’études pour d’autres. De plus, le prix est relativement élevé pour un cours de « vulgarisation », non pas au sens péjoratif du terme, philosophique. Pour les moins de 25 ans le tarif est de 10€ par conférence, et pour les autres, de 35€ par conférence. Alors que l’idée de l’ASBL PHILO.BE est de faire partager sa passion aussi largement que possible, elle met à son public deux obstacles de taille : les horaires et les tarifs.
Néanmoins, si vous vous intéressez à la philosophie, on ne peut que vous conseiller ses conférences ! C’est sans doute le seul et de fait le meilleur moyen de produire à Bruxelles du sens tout en s’amusant
Nous avons d'ailleurs eu l'opportunité d'assister à la présentation de la nouvelle saison qui débutait le 25 septembre avec la leçon inaugurale de Raphaël Enthoven qui a abordé le sujet très contemporain du paradoxe de l’identité.

Paradoxe de l'identité, dites-vous?
Tout le monde est un « moi ». Tout le monde a une carte d’identité. Certes, il y a des différences, mais finalement, tout le monde se retrouve sous le même concept de reconnaissance qui n’est pourtant pas partageable. Raphaël Enthoven nous montre par son discours que le mot identité a deux sens, l’un qui est de l’ordre de l’équivalence à quelqu’un d’autre (le fameux « idem » latin) et l’autre qui est du sens de la différence par rapport à quelqu’un d’autre. C’est de ce paradoxe, explique-t-il, que partent les problèmes d’aujourd’hui sur la question d’identité.
Qui suis-je ? Emparé de ce problème, des hommes brandissent la notion paradoxale pour rassembler les foules. L’identité devient une affaire de masse. Un groupe se prend pour un individu unique. Dès lors le problème se montre plus qu’évident puisque chacun essaye d’être comme tout le monde tout en étant différent. Oui, chacun a en lui et un « nous » communautaire qui est celui du profil facebook, de la carte d’identité, de l’appartenance à un groupe, et un « nous » profond qui vit la vie de chaque instant et qui n’est ni saisissable, ni configurable. Ainsi, lorsque au procès de Charly Hebdo l’avocat de l’UOIF, maître Mebarek dit à son adversaire : "Je vous connais bien vous savez !", Kiejman répond, et de manière tout à fait juste : "Alors vous en savez plus que moi !"
Avec un discours fin, éloquent et bien organisé, Raphaël Enthoven a fait part de ses idées au sujet du « moi composé ». Une conférence qui, si bien ficelée, ne pouvait que donner envie d’aller retrouver les autres philosophes lors des prochaines conférences. Car le concept des mardis de la philo est super : rendre accessible la philosophie à tous, voilà un projet ambitieux qui eut son succès durant la première saison et qui semble être bien parti pour la seconde!
Pour ce premier trimestre, vous pourrez choisir 6 conférences parmi chacun de ces thèmes :
« Penser les métamorphoses contemporaines » avec Pascal Chabot : Il y a des changements en cours, mais lesquels ? Voilà des conférences qui auront pour but de nous faire réfléchir sur ce que nous attendons réellement du « changement ».
« Penser la morale à partir de quelques mots d’aujourd’hui » avec Mark Hunyadi : Les mots choisis pour penser la morale sont le conflit, la tolérance, la communication, la reconnaissance, l’identité et la vulnérabilité. Ces mots ont ceci d’intéressant qu’ils sont tous en circulation dans la vie quotidienne, et sont donc parfois abusés dans leurs significations. Pourtant derrière eux se dessine une problématique morale…
« La bénédiction de Babel » avec François Ost : Ce mythe de Babel est souvent interprété comme négatif : on n’arrive plus à communiquer puisque nous ne parlons plus la même langue. Ces conférences veulent nous prouver le contraire : le multilinguisme est une chance car il permet de ne pas penser tous de la même manière.
« Une brève histoire philosophique du regard » avec Frank Pierobon : De Platon à Levinas, la question du visage, et plus particulièrement du regard est importante en philosophie! N’est ce pas cela qui nous rend humain envers nous ainsi qu’envers autrui ?
Quant au deuxième trimestre vous pourrez apprécier des conférences sur « Qu’est-ce donc que la science ? » par Laurence Bouquiaux, « La philosophie peut-elle aider à mieux vivre ? » par Guy Haarscher, « Comment exister ? Pensées chinoises et européennes en dialogue. » par Michel Dupuis et « Invention et formes du paysage. » par Alain van der Hofstadt.
Du mardi 25/09 jusqu’au mardi 18/12 pour le premier cycle de 28 conférence, et du mardi 8/01 au mardi 26/03 pour le deuxième. Au Théâtre du Vaudeville, Galerie de la reine 13, dans les galeries Royales Saint Hubert à Bruxelles. Pour les moins de 25 ans : 10€/conférence. Pour les autres : 35€/conférence.
Retrouvez le site de Nastia Depauld.