A première vue, mis à part son format, American Horror Story n’a rien pour se démarquer d’un film de maison hantée classique. Les premiers épisodes utilisent des ficelles assez peu novatrices et ne surprendront pas les amateurs de ce genre d’histoire. Couple en crise, père qui pète un câble petit à petit, poussé par les fantômes, ado rebelle qui découvre des secrets dans la maison, voisine envahissante et inquiétante, toute la panoplie de ce genre de production est bien là. C’est d’ailleurs un des côtés amusants d’American Horror Story, qui s’avère rapidement comme son nom l’indique un melting pot d’histoires d’horreur classiques. L’amateur passe donc son temps à repérer les très nombreuses références cinématographiques émaillant le show : Shining (le père qui perd pied, les fantômes qui discutent avec les vivants), L’Emprise (le mystérieux Rubber Man qui viole la mère de famille), Rosemary’s Baby et Le Locataire (la grossesse démoniaque et les voisins un peu trop prévenants), La Malédiction (le bambin qui pourrait être l’Antéchrist), Candyman (le savoureux épisode Piggy Piggy et son personnage ayant la phobie des légendes urbaines), Black Christmas (la sororité attaquée par un maniaque), etc. Le tout est traité avec un respect évident du genre, et n’hésite pas quand il le faut à user d’effets chocs (le meurtre de la jeune étudiante infirmière) ou de suggestion (les expériences abominables du chirurgien qui a bâti la maison.
Encore plus ambitieux, les co-créateurs du show ne scannent pas seulement l’horreur cinématographique, mais aussi l’horreur américaine historique, la maison du show renfermant de nombreux fantômes ayant succombé à des événements bien réels. On retrouve donc entre autres un adolescent ayant fait un massacre dans son lycée (le massacre de Columbine), des parents ayant vu leur bébé enlevé et assassiné (l’enlèvement du bébé Lindberg), le fameux Dahlia Noir (campé par la charmante Mena Suvari). Nul doute que la saison 2, qui prendra pour cadre un asile psychiatrique, évoquera à son tour d’autres horreurs bien réelles…
Le casting est quant à lui plutôt réussi, et comporte pas mal de têtes connues des séries américaines. On retrouve au générique Dylan McDermott (The Practice) dans le rôle assez ingrat du père infidèle qui ne comprend rien à ce qui se passe dans sa maison, une plutôt convaincante Connie Britton (Spin City, Friday Night Lights) dans celui de sa femme, et la jeune Taissa Farmiga (sœur de Vera Farmiga) dans le rôle de leur fille (et qui se débrouille plutôt bien vu que c’est l’un de ses premiers rôles). Du côté des morts, on retiendra tout particulièrement le personnage assez tragique de la bonne, tour à tour incarnée par Frances Conroy (Six Feet Under) et la sulfureuse Alexandra Breckenridge (True Blood), et dont le seul but est que l’on retrouve son corps enterré dans le jardin de la maison. On notera aussi la présence au générique de Zachary Quinto (l’inoubliable Sylar de Heroes), dans le rôle d’un fantôme gay. Mais celle qui bouffe l’écran à chaque apparition et efface définitivement ses partenaires de jeu est la grande Jessica Lange, qui campe avec une évidente délectation une voisine envahissante qui semble en savoir beaucoup sur la maison et avoir des projets bien à elle concernant la famille Harmon.
Pour son galop d’essai, American Horror Story se révèle plutôt réussie, proposant une radiographie de l’horreur (à l’) américaine très (voire trop) complète. On pourra certes reprocher au nouveau show de Ryan Murphy et Brad Falchuk de rapidement tourner un peu à vide en emboitant les rebondissements comme des poupées russes, mais cette accumulation participe au final aussi au plaisir coupable pris lors du visionnage, d’autant que les deux showrunners n’hésitent pas à transgresser quelques tabous ou à proposer de vrais moments d’horreur quand il le faut. On attendra donc avec intérêt la seconde saison pour voir si American Horror Story saura se renouveler…
Note : 7/10