[Critique] BYE BYE BLONDIE de Virginie Despentes

Par Celine_diane

De Baise moi à Bye Bye Blondie, la prose filmique de Despentes s’est édulcorée. Y’a pas à dire : du porno trash à la bluette parisienne de quadras encore hantées par leur amour adolescent, l’auteure se révèle plus forte sur papier qu’à l’écran. Etrangement, pour transposer en images son propre (et bon) roman éponyme, elle a choisi de transformer la romance hétérosexuelle en parenthèse lesbienne. Soit. Sauf qu’au final, l’idée provoc’ (réaliser le premier film français lesbien correctement médiatisé et avec stars en tête d’affiche) est si mal traitée, si mal mise en scène, qu’elle en perd toute sa substance subversive. On n’a plus alors que le show peu convaincant, ni convaincu, de deux anciennes bombes du ciné français, Béart et Dalle. Mal dirigées les deux icônes ? C’est fort probable, tant leurs étreintes sonnent faux, bancales. Leur attachement y est exprimé avec maladresse. Leur amour, sans douceur. L’une est dans l’expression trop brutale du désir sexuel. La seconde traverse le long métrage comme endormie, pitbull anesthésié avec sex appeal en berne. Despentes voulait du trash sans le trash. Du rebelle accessible à tous. Cela ne marche pas. 
Avec cette love story contrariée de deux femmes qui se sont d’abord aimées à l’HP, la cinéaste s’essaie alors sur divers tableaux : reconstitution de l’esprit punk rock eighties (avec flashbacks peu passionnants du duo ado formé par Soko et Clara Ponsot), peinture du milieu bourgeois parisien, critique du monde du show biz. Au final, malgré les bonnes intentions, c’est avec des raccourcis aberrants que Despentes bousille son histoire : pourquoi la punk dans l’âme est-elle Rmiste ? Est-il incompatible de rester rebelle en réussissant socialement ? Pourquoi ce cliché de l’écrivain dépressif et bobo (Pascal Greggory), vu et revu mille fois ailleurs ? Dire que l’on en attendait un peu plus de la part de Despentes, chef de file d’une certaine forme revendiquée de féminisme artistique, est un euphémisme.