La saga des émigrants tome 1: Au pays - Vilhelm Moberg
Gaïa, 314 pages
Résumé:
Voici l'histoire des premiers pionniers suédois partis conquérir l'Amérique et comment leur vint l'idée de s'expatrier. Kristina et Karl Oskar, jeune couple héritier d'une terre aride qui ne parvient guère à nourrir leur huit bouches de la maisonnée. Robert, le frère de Karl Oskar, un contemplatif qui aspire à la liberté, mais placé comme valet de ferme alors qu'il ne rêve que de l'Amérique. Son compagnon d'infortune, Arvid L'illuminé Danjel Andreasson, digne héritier de son ancêtre condamné pour hérésie. Et la catin du village, Ulrika de Västergöhl, dont on se détourne quand on la croise, mais qu'on vibre de visiter la nuit, incognito...
Mon opinion:
Je viens de tourner la dernière page de ce premier tome de 8 (en grand format) de La saga des émigrants de Vilhelm Moberg et je suis impatiente de lire la suite! Comme je dois les commander à la bibliothèque nationale et que le délai est parfois long, mes billets sur cette saga s'échelonneront sur plusieurs mois. J'espère simplement ne pas perdre le fil, puisqu'il s'agit d'une saga vraiment captivante!
Vilhelm Moberg a un don de conteur indéniable. On entre dans ce monde aride, difficile, de la Suède du milieu du XIXe siècle, où les premiers paysans, usés et épuisés par le travail de la terre qui ne donne rien, décident de quitter leur pays... sans savoir que dans les années qui suivront, ils seront plus d'un million de Suédois à faire la même chose. Certains passages m'ont émue. Je me place dans la peau de ces hommes et de ces femmes qui, avec tant de bouches à nourir, trop d'heures de travail et si peu en retour, voient leur vie tomber dans un gouffre. Que fait-on lorsqu'on réalise qu'on a trop peu, qu'on est responsable d'enfants en bas âge qui meurs de faim et qu'on doit faire quelque chose. La décision de partir pour une terre inconnue, pleine de promesses se profile au bout du chemin... L'impasse dans lequel ils sont, la rudesse de la vie qui les mets à l'épreuve chaque jour. Il n'y a pas de place dans cette vie pour des gens rêveurs, comme Robert, qui veulent pouvoir profiter un peu des bonnes choses de la vie, sans avoir à se tuer à la tâche pour au fond, pas grand chose. Cette saga est une histoire d'espoir, d'amour, de la recherche d'une vie meilleure. C'est un témoignage sensible sur les millions d'émigrants partout dans le monde qui, à une époque, ont choisi de partir avec l'espoir de trouver une vie meilleure. Une vie à la hauteur de ce qu'ils croyaient avoir droit pour tout le travail accompli. Les mots de Moberg nous accompagnent tout au long de la vie de ces familles, de leurs questionnement, de ce qui les poussera à partir. Lorsqu'on prend finalement la décision, il faut penser au départ, à la préparation, au voyage. Mais les désillusions ne sont jamais bien loin...
J'ai adoré! Vraiment! Ces 314 pages se lisent toutes seules. On côtoie les personnages comme de vieux amis. On vibre avec eux au fil des pages. Je ne peux que vous conseiller ce merveilleux livre. Vivement que je reçoive la suite! Robert, Arvid, Kristina, Karl Oscar et leurs enfants me manquent déjà...
Un gros gros coup de coeur pour le premier tome de cette série. Je sens que la suite me plaira tout autant!
À noter que la Saga des Émigrants a été élue "Meilleur roman Suédois de ce siècle".
Quelques extraits:
"Chaque jour de ces trois années, Kristina et lui avaient trimé sans ménager la sueur de leur front. Ils avaient espéré que leur sort s'améliorerait et il avait empiré. Mais ils ne pouvaient rien au temps qu'il faisait, pas plus qu'à ce qu'il advenait du bétail. Karl Oskar pensait qu'ils se tireraient d'affaire s'ils restaient en bonne santé et conservaient toutes leurs forces, afin d'être capables de travailler. Il était maintenant obligé d'admetter que l'homme ne peut assurer son salut par le travail, sur cette terre."
p.42
"Les deux époux étaient maintenant d'accord: ils allaient chercher un bateau sur lequel embarquer le printemps suivant. Leur décision était prise. Elle allait influer sur le cours futur de leurs existence, à tous deux, mais aussi de celle de leurs enfants. À travers ceux-ci, elle se répercuterait dans les temps et les générations à venir. En la prenant, ils choisissaient l'endroit où naîtraient, un jour, leurs petits-enfants et les enfants de leurs petits-enfants."
p.185
"Une seule fois, Nils lui dit sur un ton de doux reproche:
-Tu emmènes bien du monde avec toi.
-On va être six.
-Plus que ça. Tu oublies de compter tes descendants."
p.215
Un roman indispensable. À lire absoluement!