Enfin une vraie alternative pour les auteurs
Bonjour,
Je sais que vous bouillonnez d’impatience…Les derniers réglages sont entrain d’être exécutés. Le lancement de l’appel à souscription a été fixé au mercredi 17 octobre. Vous y trouverez plus de conseils, de témoignages et de bonnes pratiques pour réussir votre campagne. J’ai hâte de savoir ce que vous en pensez.
Pourquoi sur Bibliocratie
J’avais déjà fait part de mon intérêt pour cette plateforme, il y a quelques mois. Elle répond un vrai besoin (en tout cas au mien…).
On est toujours très enthousiaste, lorsque l’on a réussi tant bien que mal à réunir les fonds nécessaires, à l’idée de pouvoir mener à bien son projet…
Et même si la première édition a eu son petit succès et a été utile pour beaucoup d’entre vous, la mise en page était loin d’être au rendez-vous…
le fond était là mais la forme laissait à désirer
Mais grâce au travail de l’équipe de Bibliocratie, je peux vous assurer, que vous ne serez pas déçu. La mise en page sera à la hauteur du contenu.
J’en profite, pour partager une nouvelle fois le post de l’ auteur Marc Jahjah, qui porte un regard acéré et pertinent sur les plateformes de crowdfunding françaises. et met en valeur cette initiative.
J’ai reçu en mars dernier un message d’un ancien camarade de stage et ami (Steven) m’indiquant le lancement imminent d’un nouveau site : Bibliocratie. Steven me précisait dans son FB message que le concept (du crowdfunding, soit – ici – le financement de projets éditoriaux par les lecteurs) avait été porté par une amie désireuse d’obtenir des conseils. On ne pouvait alors accéder qu’à la première page du projet et il m’était donc difficile de développer un avis détaillé.
Le discours
Voici pourtant ce qu’on pouvait déjà en dire, après une brève analyse du logo et de la présentation du site (je me cite
“le projet s’inscrit dans la mouvance du crowdfunding en effet (financement participatif, quoi). Dans l’édition, ce modèle commence doucement à émerger, avec des projets comme Unbound (http://unbound.co.uk/), Gluejar (http://www.gluejar.com/) et Libros.com (http://libros.com/crowdfunding/). On est, grosso-modo, dans la droite lignée des discours idéologiques du “Web 2.0″ avec un surplus toujours promis de démocratie (le titre “bibliocratie” en est l’exemple parfait), de pouvoir (là aussi supposément) donné aux utilisateurs (on parle aussi de “prosumers”). Cela dit, c’est le genre d’initiatives que j’encourage et que j’encouragerai (ce que fait aussi le bibliothècaire-juriste Lionel Morel, spécialiste du genre : http://goo.gl/v6P7G) parce qu’elles permettent d’articuler juridiquement l’oeuvre aux nouvelles façons d’en disposer. Reste à savoir quelle licence sera ici adoptée et, au-delà des rétributions marchandes, qu’est-ce que le service compte offrir, notamment en termes de relation avec les auteurs financés (faut pas se leurrer : dans la grande majorité des cas, les lecteurs-mécènes ne gagneront rien financièrement).”
Depuis, le concept été lancé (et j’ai pu rencontrer Pauline qui en a la charge, au Labo de l’édition). Pour l’occasion deux vidéos ont été réalisées qui révèlent à la fois les principes sur lesquels repose le projet (pouvoir aux lecteurs, négation des médiateurs, etc.) et l’esprit même de ceux qui le portent (esprit potache de la bande de potes, certes, mais soigné – les vidéos sont publiées sur Vimeo).
Le fonctionnement
Le fonctionnement est connu et bien expliqué : un auteur dépose un projet et fixe lui-même les frais nécessaires à sa mise en route. Si un nombre suffisant de lecteurs s’est engagé à le financer, le projet est lancé (si non, les souscripteurs sont remboursés) avec des possibilités de dépassement qui correspondent à des bénéfices (exemple : si 250 euros devaient être récoltés en 1 mois et que 260 ont pu être rassemblés, l’auteur fait un bénéfice de 10 euros, en plus d’avoir l’assurance d’être publié). Le financement sert alors à payer les frais d’impression et de livraison (Bibliocratie touche 17 % de commission) auprès des lecteurs souscripteurs. L’avantage est évident : en finançant ainsi le projet en amont les lecteurs affaissent les risques financiers (projections de vente trop fortes) et matérielles (surplus de stocks).
On retrouve ainsi les fondamentaux du crowdfunding résumé par Nicolas Dehorter dans son livre Crowdfunding : le guide – Panorama et conseils pratiques :
L’originalité de Bibliocratie est de se situer au confluent de deux modèles : “les plateformes d’intermédiation créatrices de valeurs” (avec des rétributions symboliques : dîner avec un artiste, etc.) et la “coproduction” où “le soutien des internautes est assimilable à un investissement”. Mais l’internaute ne possède pas ici des “actions” (second modèle) sur le produit financé qui lui permettrait d’obtenir des gains proportionnels à l’investissement consenti (il reçoit seulement le livre financé).
Quels moyens ?
La difficulté consiste alors pour l’auteur à susciter suffisamment de désir pour faire financer son projet au-delà du cercle proche. D’où la mise en scène encouragée (se vendre, être enthousiaste, faire une vidéo, etc.) et les solutions éditoriales proposées (extraits, premières pages, bonnes pages, etc.). Bibliocratie fournit également des éléments de circulation (boutons Facebook, Twitter). L’efficacité relationnelle repose donc - comme toujours - sur une invitation à exploiter les liens faibles et à multiplier les trous structuraux (“votre réseau regorge de ressources insoupçonnées” pour résumer).
Ce qui suppose que les auteurs en question aient un réseau déjà bien constitué qu’il suffirait d’activer…ce dont on peut franchement douter (BabelDoor et KissKiss Bank Bank semblent penser la même chose à l’inverse de Oocto qui propose “des coups de mains” ou de Ulule moins avare en conseils). Le problème, qui est propre à toutes ces plateformes, vient sans doute du fait qu’elles ne sont pas capables de supporter l’infrastructure d’un réseau social (ce n’est de toute façon pas leur coeur de métier), alors même qu’elles encouragent à des actions qui leur sont pourtant propres. L’un des moyens de pallier cette difficulté est donc de conclure des partenariats avec des structures déjà existantes (Babelio, par exemple, dans le cas de Bibliocratie).
Le positionnement même de ce (beau et important) projet peut également questionner. C’est en effet le principe de la 3ème catégorie des plateformes de crowdfunding qui est à l’oeuvre (coproduction) avec la philosophie de la première (pas d’argent en jeu, pas d’actions). Or, la rétribution (l’acquisition du livre financé) est déjà très intéressante mais pas tout à fait (ou pas assez) en adéquation avec le projet avancé : entrer en contact direct avec l’artiste. Il faudrait donc sans doute élargir les rétributions au symbolisme d’une dédicace personnalisée, d’une rencontre – entre autres –, sur le modèle de Unbound, pour aller jusqu’au bout de la logique du renversement pyramidal annoncé.
Enfin, la promotion de la licence libre et de ses différentes modalités me semble ici indispensable (voir les billets de @Calimaq, “Licences libres et Crowdfunding“, “L’édition sous licence libre, une utopie ?” et “Unglue Wants to Make a Creative Commons for Ebooks“). L’auteur s’assurerait ainsi de la protection de son oeuvre (il conserve son droit moral) en encourageant sa libre circulation et en envisageant plusieurs moyens (indirects et différés : conférences, sponsorings, etc.; directs : vente papier mais diffusion numérique libre, etc.) de rentabilité, à mesure qu’il gagnerait en “popularité” (la compensation financière, à hauteur du niveau de circulation mesurée, est également possible). Mais là encore, des partenariats publics/privés, qui insèreront l’auteur dans un réseau d’opportunités, seront nécessaires.