Mon petit coup de coeur sort demain sur les écrans. J’étais curieuse de découvrir le nouveau bébé des réalisateurs de Little Miss Sunshine: Elle s’appelle Ruby me séduisait pour son côté rêveur et amour impossible. L’histoire est décalée avec cette touche déjantée que j’aime. Un petit film qui ne paie pas de mine diront certains âmes, loin des gros titres et des blockbusters. Il repose sur deux acteurs qui m’ont littéralement subjuguée par leurs talents: Paul Dano et Zoé Kazan. Pour le premier, je me remets de For Ellen et de Monsieur Flynn. Un des comédiens de la génération moderne, que je surveillerai, je suis curieuse de voir ce que Dano deviendra dans les prochaines années. Zoé Kazan possède quant à elle une fascinante image douce, tendre et un peu à la Phoebe irréaliste.
Paul Dano campe un jeune écrivain coincé par la page blanche. Plus rien ne sort de sa machine à écrire depuis son premier roman qui a été un best-seller. Il finit par rêver d’un personnage fort, romantique, lumineux, une muse qui lui permettra de se décoincer. Les pages se suivront durant des heures. Le jeune homme tape sur son clavier frénétiquement. Il en perd la notion du temps. Il ne vit que pour son héroïne Ruby. Il l’imagine comme l’être parfait. Il l’idôlatre et la dessine à sa manière. Le hic, au fil des jours, l’amour lui tombe dessus. Mais voilà, comment peut-on aimer sa création? Une version magique qui n’existe pas réellement dans notre réalité? Est-ce un tour de son cerveau? une vraie perle? Ne tombons nous pas tous amoureux fous de notre oeuvre?
La rencontre entre Ruby et Calvin possède un côté surréaliste. Elle est mise en scène avec talent.
Face à Calvin, Zoé Kazan interprète Ruby. Etincellante, merveilleuse, jolie comme un coeur, elle tient Paul Dano en son pouvoir. Du moins, c’est l’impression. Mais les rôles ne sont-ils pas inversés? Une muse se comporte comme son auteur le souhaite. Sa prestation pleine de peps, de vie, de pétillants moments, m’ont donné envie de la serrer dans mes bras. Les mots en français ont un charme fou. J’ai eu mal de la voir torturer, mise en ligne et dépendre des mots frappés par Calvin sur sa machine à écrire. Elle plie, elle se courbe, elle existe avec un côté désuet, ravissant tout en ayant un potentiel ravageur dingue.
Pour le reste du casting, j’ai eu plaisir à revoir Elliott Gould le père de Monica et Ross Geller (Friends) dans la peau du psy. J’ai adoré le comportement de Harry le frère de Calvin joué par Chris Messina. Harry dépeint une réalité du couple avec tendresse. Il montre que tout n’est pas rose. L’amour s’est un jeu de concession, d’apprentissage. Les étincelles ne durent pas. Elles s’entretiennent. Elles se transforment. De plus, son humour, sur la possibilité d’inventer la femme de ses rêves m’a fait penser à la série Code Lisa. La petite pépite en plus est la présence d’Annette Bening et Antonio Banderas, des parents totalement décontractés, des babas cools hors catégories, très Mon beau père et moi dans l’inspiration.
Quant à Calvin, j’ai tour à tour envie d’être à sa place, l’enviant, puis j’ai eu une immense tristesse, un petit coup de chagrin en pensant qu’en vrai, il est un peu égoïste de rêver à la créature idéale. La perfection n’existe pas. La réalité est tellement différente au quotidien. Son accès de paranoia le rend attachant. Le spectateur cherche et devine en même temps les ficelles et les rouages de l’aventure. Difficile de ne pas cèder à la tentation, avoir la vie d’un être entre les mains, avoir tout pouvoir sur lui, Dano joue son rôle à la perfection devenant à la limite effrayant dans la dernière partie du film. La part machiavèle que nous possédons tous en nous, s’exprime avec une fascinante mise en scène. Pour ma part, il en ressort, une incroyable capacité à se livrer à autrui, à concéder le pouvoir que nous avons sur la personne que nous aimons, et à notre incapacité par moments de livrer nos sentiments. Se mettre à nu, pardonner, aimer n’est pas chose aisé.
Le ton léger, dur, le regard sur la vie, pousse à un panel d’émotion assez éclectiques. Le rire se présente parfois, mais le coeur vibre de l’histoire d’amour peu commune entre son créateur et sa muse. Pour ne rien gâcher, la bande originale est somptueuse. Les morceaux musicaux mêlent des titres français comme Plastic Bertrand à des pop-rocks anglais. Je suis tombée sous le charme de l’ambiance, des personnages, des images aux teintes qui m’ont rappelés Another Earth.
Je n’avais pas fait le rapprochement dans le thème avec le roman de Musso, la fille de papier, merci à Brooklynnoa une jolie discussion sur l’inspiration a suivi.
Une histoire d’amour tellement impossible… qu’elle devient vraie
Note: 9/10
3 Moop raisons de voir Elle s’appelle Ruby:
- Le couple Paul Dano et Zoé Kazan attachants, bouleversants, ravissants
- L’amour de l’être parfait existe-t-il?
- La musique, les touches françaises, les images poétiques et la fin.