Lescop. Un nom qui n’est même plus à présenter tellement cet ex-chanteur du groupe de rock Asyl a fait parler de lui ces derniers temps. Il a sorti hier son premier album, succédant à un EP 4 titres dévoilé en fin d’année dernière.
L’album démarre par ce meurtre cinglant, La Forêt, où tous ceux qui ont déjà entendu Lescop y ont déjà mis les pieds. C’est donc à partir de La Nuit Américaine que la découverte démarre vraiment. Sur un titre de film de François Truffaut, l’univers est comparable à ce que l’on connait du jeune chanteur : froid et métallique.
Sa voix robotique, quasiment tout le temps sur le même ton, se lâche tout de même sur les refrains, et devient plus rassurante. Ou plus flippante, au choix.
Amoureux citadin, Lescop pose ses histoires dans plusieurs villes du monde. Ljubljana, capitale de la Slovénie est le théâtre de l’une de ses chansons ainsi que Los Angeles (comme l’a fait un certain BB il y’a dix ans). Los Angeles est pour moi le point culminant de l’album. La sirène en intro interpelle et laisse place à un rythme plus dansant, où les souvenirs sont éclairés par les néons de la ville (elle aussi Américaine).
Il suffit de voir sa pochette (photographiée par Hedi Slimane) et de piocher au hasard quelques mots dans ses paroles (nuit, vent, froid, bruler, belliqueux, coupante, étroit, glacé) pour s’imaginer que son premier album est noir, rempli de douleur, et que l’on serait prêt à se recroqueviller sur soi-même pour l’écouter. Pourtant, les mélodies n’ont pas de mal à nous faire vaciller légèrement la tête, à taper du pied, jusqu’à même nous bousculer.
Orages, pluies, et bruits extérieurs viennent ambiancer sa musique (La Nuit Américaine, Un Rêve) comme dans La Fôret où une conversation vient s’immiscer entre les textes bipolaires. Il n’est pas rare par exemple de voir les anges côtoyer les mots mal et couteau.
Le jeune homme de 33 ans n’est pas un grand fan d’Ellie & Jacno (il trouve qu’ils chantent faux), mais il est difficile de ne pas les évoquer en écoutant son duo avec Dorothée De Koon sur Le Mal Mon Ange. On ne va quand même pas comparer ça à Stone et Charden…
Sur Tokyo La Nuit, c’est son ami chanteur AV qui signe les paroles où l’on plonge dans les boîtes gays de Tokyo des années 50.
Pour finir sur cet album d’apparence noire et électrique, une dernière pioche pour montrer que derrière cette obscurité, il y’a de la lumière : palpite, coeur, lacher prise, rêve, briller.