Alors que les Français sont déjà sous pression sociale et fiscale, le gouvernement se fait remarquer par un manque de courage et d'audace sur la question de la redevance audiovisuelle. Pas de réforme de fond mais une augmentation qui va au-delà de la seule indexation sur l'inflation rendue officiellement incontournable par la baisse de la dotation de l'Etat. Très concrètement ce sera donc 4 euros de plus par foyer (129 €) pour un service public qui a perdu depuis longtemps, pour France Télévision, ses lettres de noblesse.
Les rentiers du service public pourront dormir tranquilles. Les animateurs producteurs présents souvent depuis des décennies sur les antennes ne devraient pas connaître la crise. La redevance audiovisuelle rapporte 3,2 milliards d'euros par an et finance France Télévisions, Radio France, Arte France, l'Audiovisuel extérieur de la France et l'INA.
Beaucoup d'argent donc mais pour quels services et quelle qualité de gestion de l'argent public ? Se contenter de faire remarquer que la contribution à l'audiovisuel public en France est bien inférieure à celle de ses voisins européens constitue une réponse insuffisante. Depuis des années, c'est la fuite en avant dans les financements alors que la qualité du contenu ne cesse de se dégrader.
Payer une redevance pour biberonner la jeunesse du pays en séries américaines, en télé-réalité et endormir la ménagère de plus de 50 ans avec les variétés du type Michel Drucker ou Patrick Sébastien n'a rien de très sexy et enrichissant (hormis pour les intéressés).
Pour quelles raisons strass et paillettes ne seraient pas amenés à une cure d'amaigrissement au même titre que les autres secteurs ? Le no man's land actuel sur la question de la place de la publicité interpelle. Soit nous sommes en présence d'une télévision publique qui ambitionne un minimum de qualité et dans laquelle existe une transparence au niveau des rémunérations soit, le groupe public n'est qu'une pâle copie des chaînes privées et dans ce cas là, le financement public n'a aucun sens.
En tout état de cause l'argument selon lequel les chaînes publiques se différencieraient dans le domaine de la création et de l'information apparaît surfait. Canal+ mais aussi les chaînes du câble ont également démontré leur savoir-faire en la matière.
Aurélie Filippetti, agrégée de lettres classiques et ministre de la Culture semble vouloir ouvrir le chantier de la qualité des contenus. Pour la ministre, France Télévisions doit arrêter la course à l'audimat sur le même terrain que des chaînes commerciales, changer de stratégie et miser sur la qualité. Le cap est donné. Espérons simplement qu'il ne s'agit pas d'un simple effet d'annonce destiné à mieux faire avaler la pilule de l'augmentation de la redevance.