Mourir au XXIème siècle, en France; à 17 ans.
Sohane, un prémon que j'ai découvert en même temps que le drame qui t'a frappée. Un prénom que je n'oublierai jamais. Sohane, tu es devenue pour moi l'image de la femme martyre, l'emblème du combat contre tous les obscurantistes. Tu es ma Jeanne d'Arc républicaine.
Morte dans un local poubelle, brulée vive par un macho de bazar qui n'avait que la posséssion de ta personne comme tableau de chasse, comme fierté. Un petit coq de banlieue qui pense que pour être un mec , un vrai, il faut montrer sa force contre les plus faibles. Femme ou chien, son comportement est le même. Lâche parmi les lâches.
Tu voulais juste aller voir une copine, dans l'immeuble d'en face. Quoi de plus banal pour une jeune de nos jours, en France. EN FRANCE !!!!!!
Le lieu de ta mort n'est pas devenu pélerinage, l'on vient de raser l'immeuble, comme pour mieux t'oublier. Comme pour mieux oublier nos propres lâchetés quotidiennes.
Peu après ta mort , une stèle a été placée au pied de l'immeuble. Il n'a pas fallu longtemps pour qu'elle soit saccagée. Ultime offense à ton innocence, ultime négation de ton être, de tes souffrances, de ta féminité, de ton humanité, de ton existence.
Ta famille a dû quitter la ville, harcelée par les clones de ton assassin, comme si c'était toi la coupable. Inversion des mots , perversion des valeurs. Ultime violence !
Dix ans plus tard, l'actualité nous rappelle que rien n'a changé, que les jeunes coqs ont transmis leur graine de tarés. Qu'avons nous fait de ton martyre ? Rien.
Sohane Benziane, je ne te connaissais pas, pas plus que ta ville où je n'ai jamais pu aller depuis, malgré la promesse que je m'étais fait. Trop frais, trop dur, trop de colère !
Sohane, y aura-t-il une rue, un pont qui portera ton nom ? Je le souhaite pour que personne n'oublie.
Pour que ta mort hante à jamais les esprits !
Romain Desbois