Michel Blazy, La Grotte, 2012, détail intérieur
L’exposition de Michel Blazy au Plateau (jusqu'au 18 novembre) me semble un parfait exemple d’une bonne idée qui tourne en rond. Travailler sur nourriture et pourriture est un excellent concept, chargé de sens et séduisant, qui en appelle à la cruauté du monde, au cycle de vie et de mort, mais il semble difficile pour Blazy d’en renouveler l’expression. Le Plateau montre, soit des pièces au sens déjà largement ‘épuisé’, comme les oranges qui pourrissent (et le fait qu’on vous serve une orange pressée n’ajoute pas grand-chose à l’expérience), ou les compositions grignotées par des souris, soit des pièces agrandies comme la grotte aux pousses de soja de la dernière salle (on peut y pénétrer, animé d’un mélange de curiosité et de répulsion, mais est-ce davantage qu’une attraction ?), soit des pièces plutôt régressives comme les dessins à la bave d’escargot : ça devient de l’inventivité technicienne plus que de la créativité exploratrice.
Michel Blazy, Circuit fermé, 2012, ph Martin Argyroglo
Ce qui, à mes yeux, sauve cette exposition qui, sinon, serait trop convenue et facile, est une pièce d’une infinie cruauté, Circuit fermé. Si j’ai bien compris, vous pouvez, sur réservation, venir déjeuner au Plateau. On vous installera, à la vue de tous, dans une petite salle au mobilier rouge et on vous y servira du carpaccio. Une des parois de la salle, celle ouvrant sur le reste de l’exposition, est une moustiquaire. Mais les moustiques sont à l’intérieur de la salle à manger, élevés dans des bacs appropriés ; de plus la couleur rouge du mobilier les excite. Il est donc à peu près certain que vous ressortirez couvert de piqûres. En somme, un don du sang. Y aura-t-il des volontaires ? En tout cas, un peu de cruauté absurde sied bien à Michel Blazy…
Photo 1 de l'auteur; photo 2 de Marin Argyroglo pour ce site. Michel Blazy étant représenté par l'ADAGP, les photos de ses oeuvres seront ôtées du blog à la fin de l'exposition.