Personne ne ressort indemne de l’horreur de la guerre !
Après avoir fait couler beaucoup de sang, la Première Guerre mondiale n’en finit pas de faire couler de l’encre. Si l’on pensait que Tardi avait réussi à en faire le tour, d’excellents albums tels que Notre mère la guerre ou La grande guerre de Charlie viennent régulièrement nous démontrer le contraire. La dernière pépite en date est signée Zidrou et Porcel.
Après de très bons one-shots tels que Lydie et La peau de l’ours, Zidrou s’attaque donc à la Der des Ders en nous invitant à suivre les déboires et la peur des soldats de la 17e compagnie d’infanterie. C’est dans un coin de tranchée boueuse, rebaptisée “Les Folies bergère” en référence à cet endroit parisien où ils ont juré de se retrouver après la guerre, que les soldats tentent d’échapper brièvement à l’horreur de leur quotidien. Mais qu’ils se réfugient dans l’alcool ou dans l’humour, qu’ils s’accrochent à leur foi, à l’espoir d’une permission ou à la correspondance avec leurs proches, aucun ne ressort indemne de cette descente aux enfers.
Usant d’un style réaliste saupoudré de fantastique et soulignant plus les ambiances que les détails, Francis Porcel restitue avec brio la folie qui s’empare de ces hommes qui se retrouvent transformés en chair à canon. De l’emploi des couleurs aux hallucinations des soldats, le jeune dessinateur plonge ce one-shot dans une atmosphère unique qui s’installe au diapason du scénario. La narration intelligente de Zidrou, qui entretient des passerelles entre le champ de bataille et l’arrière du front, est l’autre grande qualité de cet album. Des lettres du capitaine à sa femme enceinte aux carnets de croquis envoyés au jeune frère, en passant par la quiétude des paysages peints par Monet et par cette petite fille perdue au milieu des projectiles, l’auteur multiplie les passages entre les tranchées et l’arrière du front.
Un excellent one-shot, dont je vous invite à découvrir la bande annonce :