Rien ne se passe comme prévu

Par Apollinee

"Je comprends qu'il arrive au grondement de la salle parce que, comme d'habitude, on ne le voit pas au milieu du bordel ou alors un bout de crâne, un éclair de lunettes, une main qui dépasse pour serrer d'autres mains. François Hollande, alias Flanby, Fraise des bois, Gauche molle, Guimauve le Conquérant, Babar, fend la foule en liesse. Tout le monde veut le toucher, tout le monde crie son prénom"

L'ouvrage avait été frappé d'embargo qui devait nous mener, sous la plume de Laurent Binet, à décrypter le journal des campagnes - l'interne, menée au sein du PS, et la campagne présidentielle - de François Hollande.

Introduit dès juin 2011 dans le cercle du candidat, le primo-romancier primé du Goncourt 2010 s'offre un exercice d'un style neuf, promenant  ses observations de néophyte en une récréation verbale assez libre, non dénuée d'humour.

 il m'intimide, ce con! Pourtant il est souriant, comme d'habitude, mais il y a un truc qui me met mal à l'aise"

Revendiquant son appartenance politique à la gauche, une affection pour Jean-Luc Mélanchon et son soutien au candidat socialiste, quel qu'il soit, Laurent Binet garde un recul, une vigilance dans sa sympathie et une honnêteté intellectuelle qui lui  permettent des rencontres vraies et intéressantes, dans les coulisses de cette mouvance,  et garantissent, partant, l'intérêt de la mission.

Un journal qui s'achève avec la victoire du 6 mai,  conservant dans le chef conjoint de l'écrivain et du lecteur, cette part d'énigme attachée à la personnalité du nouveau président.

AE

Rien ne se passe comme prévu, Laurent Binet, essai, Grasset, août 2012, 307 pp, 17 €