Encore tout auréolé de sa
belle 3ème place à la primaire socialiste qui lui avait permis de qualifier les
2 finalistes d’impétrants, Arnaud Montebourg s’est vu attribuer un ministère
majeur dans le gouvernement Hollande/Ayrault, celui du redressement
productif.
Le chantre de la démondialisation et du protectionnisme allait passer sans
transition des belles mais vaines paroles, aux actes concrets et efficaces. Il
allait enfin pouvoir montrer qu’au delà d’une incontestable éloquence, l’avocat
Montebourg pouvait se confronter à la difficile réalité économique et sociale
de la France. Il allait troquer la robe de prétoire contre un bleu de chauffe,
certes beaucoup moins seyant, mais infiniment plus pratique pour graisser les
rouages de l’économie française.
Après le discours place à la méthode.
D’ailleurs le titre même de son ministère du redressement productif, portait
en lui toute la difficulté de la tache, toute la patience et la force qui
seront nécessaires pour mener à bien ce qui ne peut être qu’un travail de fond,
de longue haleine, laborieux et ingrat. Un travail dont les résultats ne seront
visibles que dans quelques années, un travail qui s’apparente à celui que l’on
peut faire sur les fondations d’un bâtiment pour ne pas qu’il s’écroule. Un
travail essentiel mais obscur par rapport à celui consistant à restaurer la
façade de ce même bâtiment.
C’est probablement là que se pose le problème. Arnaud Montebourg en avait-il
conscience lorsqu’il a accepté cette tâche de la part d’un Hollande
probablement pas si innocent que cela ?
Rien n’est moins sur. Au lieu d’engager un travail de fourmis, Arnaud
Montebourg a fait comme le furet de la chanson, il est passé par ici, il
repassera par là. Depuis 4 mois il est sur tous les fronts et accessoirement
devant toutes les caméras. Il est sur tous les plans sociaux : PSA, Doux,
Sanofi, ArcelorMittal … Avec à chaque fois la même technique, critique des
dirigeants et actionnaires de l’entreprise, soutien aux salariés et refus du
plan social que le gouvernement ne laissera pas faire.
Un jour il n’hésite pas à donner des
leçons de stratégie au patron de PSA, un autre il
admoneste le Président de la Région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, pour
n’avoir pas fait le choix d’un centre d’appels implanté en France et le
troisième il taxe les hauts fonctionnaires du Trésor d’ultralibéralisme au
grand
damne de leur ministre de tutelle. Au passage il trouve le temps de se
ridiculiser en demandant des comptes à
Facebook pour son faux vrai bug et d’agresser
le constructeur d’automobiles coréen Hyundai.
On est loin, très loin du redressement productif.
Ainsi, au lieu de prendre le recul nécessaire à l’accomplissement du
redressement productif de la France, Arnaud Montebourg s’est lancé dans son
beau ministère comme il s’était lancé dans sa campagne, avec fougue,
enthousiasme et moult médiatiques démonstrations. Son activisme frénétique nous
en rappelle un autre, celui de Nicolas Sarkozy qui avait promis de chercher la
croissance avec les dents ou de sauver Gandrange. Gandrange symbole des
« promesses
non tenues » que Nicolas Sarkozy a du trainer comme un boulet jusqu’à
la veille du second tour de la présidentielle.
En s’exposant sur tous les dossiers d’entreprises en difficulté, Arnaud
Montebourg donne le sentiment de ne traiter que l’urgence et non pas les
problèmes de fond que connait l’économie française. De surcroit il prend le
risque de décevoir, ceux qui, à travers ses interventions, auront cru que
l’Etat est tout puissant et qu’il règlera tous leurs problèmes.
Déjà, ce sont les ouvriers d’Aulnay qui vont faire le siège du Salon de
l’Automobile en brandissant à son intention un
carton rouge de "ministre improductif".
Demain ce seront sans doute les ouvriers de Florange ou de Doux qui
viendront lui reprocher véhémentement de leur avoir donné un maigre mais faux
espoir. Et on sait ce que peut représenter un espoir même maigre dans leur
situation.
Comme s’il en avait pris conscience tardivement, Arnaud Montebourg a déclaré dimanche sur France 2 qu'il n'était pas « le ministre des plans sociaux », mais celui des « solutions économiques ». Mais n’est-ce pas trop tard ?