L’autre face de la famille Péloueyre, celle de ceux qui sont athées, les Cazenave, parents de Jean, héros malheureux du Baiser au lépreux. Autrement dit, pour une fois, aucune digression sur les affres de la religion, les dévotions sans fin et le dilemme entre foi et chair …
Mais c’est encore un huis clos, dans une demeure qui vibre à chaque passage du train, puisqu’elle est située en face de la gare, le long de la ligne Bordeaux-Sète.
Le roman commence par la courte agonie solitaire de Mathilde, après une fausse-couche tardive. Elle a épousé voici quelques mois et par calcul le fils de la maison, Fernand Cazeneuve, cinquante ans, dominé et couvé par sa mère, Félicité.
Cette mère plus que possessive, heureusement veuve, ne vit que par et pour lui. Elle a pris en grippe dès le début la jeune Mathilde … au point que quelques semaines après les noces, Fernand a regagné son petit lit de jeune homme, séparé simplement d’une mince cloison de la chambre maternelle. Chacun écoute l’autre ronfler, éructer, respirer.
Pourtant, après la mort de son épouse, Fernand s’éprend de la morte au point de rendre sa mère responsable de son trépas. Félicité souffre le martyre … Elle finira par en mourir d’une attaque. Eternel indifférent, Fernand fera le vide autour de lui, chassant jusqu’à la vieille servante landaise qui a tenté de lui mettre dans les pattes son petit-fils à la place de l’héritier qui n’est jamais né.
Un roman difficile à supporter tant la noirceur de cette mère abusive et la veulerie de son fils horrifient. La possession exclusive de son vieux fils la soutient à l’exclusion de tout autre sentiment : elle l’a détourné de tout travail, de toute activité intellectuelle ou sociale. Les scènes de repas, face à face, où la mère reproche à son fils « Tu ne manges pas » et où elle se force à manger pour que lui aussi ingurgite une bouchée, sont presque insupportables.
Mais où donc, auprès de qui, Mauriac a-t-il pris ses modèles ?
L’écriture est, comme toujours, d’une clarté et d’une profondeur qui laissent le lecteur pantois. Cependant, après avoir lu quatre des premiers ouvrages de François Mauriac, force est de constater que c’est toujours un peu la même chose : le même paysage, le même milieu bourgeois terrien, le même décor … celui de l’enfance de l’auteur. A croire qu’il n’invente rien, il analyse, interprète …. Je vais continuer la lecture de ses romans, dans l’ordre …Chacun me prend une journée ...J'ai tout mon temps puisque j'ai toute la collection, inentamée depuis plus de quarante ans ....