"La 1ère mission d'intérim qu'on a à vous proposer mademoiselle : de la téléprospection pour des associations. Par contre la sélection est très très dure. Préparez bien votre discours et votre présentation"
"Ah bon et pourquoi la sélection est difficile ? C'est bien rémunéré ?"
"Ah, pas du tout. Le SMIC et je crois qu'il n'y a même pas de primes."
Je rentre chez moi un peu dépitée : c'est réellement ce genre de job que je voulais éviter. Et me faire chier pour être sélectionnée ... pour être rémunérée le SMIC ... pour faire chier les gens au téléphone chez eux ...
Lundi matin. RDV à 9h15.
Je me suis refusée tout le week-end à préparer quoi que se soit pour ce fichu entretien.
La secrétaire me fait patienter dans le hall d'entrée puis nous amène, moi et trois autres candidats à la cafétaria. Parmi nous, une femme d'environ 40 ans. Aie, ça me fait mal au bide. 40 ans et postuler pour ce job "alimentaire"...
Dans la cafet', d'autres candidats sont déjà arrivés. Je me pose à une table à côté d'eux. Pas envie de sympatiser. A moitié réveillée et de mauvaise humeur : qu'est-ce que je fous là ?
La femme de 40 ans s'assoit à côté de moi un peu perdue "mais où est-ce qu'il faut s'assoir ?". "Oû vous voulez madame, c'est une cafetaria, l'entretien d'embauche n'a pas encore commencé." Elle sort toutes ses notes, les lit et relit. Elle me fait mal au coeur. Arf.
A 9h50, l'entretien n'avait pas encore commencé.
Vers 10h, un homme d'une quarantaine d'année entre dans la cafet' "pour l'entretien, c'est par ici".
Bien.
On rentre dans une petite salle de réunion.
"Bonjour". Tout le monde le salut en coeur.
"Bienvenue chez XXxx". Grand silence.
Il répète sa phrase d'un air effaré "Bienvenue chez XXxx" puis tend l'oreille faisant comprendre qu'il attend une réponse. "MERCI!!" on répond tous de nouveau en coeur. Petit hochement de la tête : il a l'air satisfait de nos réponses. Et là, j'ai qu'une envie, c'est de partir en courant.
Je fais un rapide tour de table. On est 11. On était 19 sur la liste.
Le recruteur a un visage sévère, des traits tendus, maigre. Les seuls sourires qu'il adresse sont forcés.
"Bon alors, on va faire un tour de table. Alors c'est pas la star Ac' ici, ... enfin ce matin quand je vous ai vu à la cafèt' c'était presque la Star Ac'... Bref, on va faire dans l'ordre que vous souhaitez."
Une grosse gueule que j'avais déjà repérée s'empresse de lever la main. Plus sûre d'elle, tu ne trouves pas. "Travailler pour des associations au moins c'est utile. C'est pas comme vendre des clous". Hum hum. Sa grosse gueule n'a pas l'air de passer auprès du mec. "Mais sinon, vous pensez avoir quelles qualités communicatives mademoiselle?" avec le ton sec qui va bien. Et bim. Elle, elle ne va pas être prise.
Elle finit son speech. "Suivante?"
Je lève la main.
Je raconte mes expériences. Introduis quelques boutades. Merde, il rigole à mes blagues et me répond. Ca me dégoute. Il est impressioné par mon parcours. Merde, ca me dégoute encore plus. Résiste Marie lou. Il finit l'entretien par "Marie lou, vous êtes disponible jusque quand ?". MERDE. La grosse gueule à côté de moi lâche un "rrrrr" de rage. Il m'a bien aimé, c'est dingue. J'ai les boyaux tordus. Je réponds. Oufff, c'est fini.
Puis les présentations de chaque candidat s'enchaînent. Une jeune essaye de m'attaquer en commençant par un "alors moi, j'ai pas de SUPERS diplômes ou de SUPERBES expériences dans l'humanitaires comme certAINE"...
Il nous fait sortir 10 minutes le temps de choisir les candidats retenus.
On re-rentre dans la salle de réunion, il fait chaud, l'ambiance est lourde. On attend sagement le monsieur. Il entre un papier à la main : "Marie lou, Adrien, Sarah et Sabrina, si vous voulez bien me suivre".
Il nous fait assoir à une table de la cafetaria "Bienvenue dans l'entreprise XXxx, j'espère que vous êtes contents...?".
"Bon alors, cet après-midi vous êtes en formation mais c'est pas rémunéré."
Pardon ??? Mais dans quel monde on vit sérieux...
BREF, j'ai passé un entretien de recrutement pour être téléactrice !