Face à Cagliari, Milan a gagné sans briller. A Parme, les Rossoneri ont montré des progrès sur le plan du jeu mais n’ont ramené qu’un petit point. Les tifosi ont le cul entre deux chaise : faut-il être satisfait des progrès ou être déçu du résultat? Chacun a sa propre réponse en fonction de ses propres perceptions même il est impossible de choisir exclusivement l’un ou l’autre sentiment. Aujourd’hui une question primordiale se pose : à quoi auront-nous droit face mercredi en Champions League face au Zenit Saint Petersbourg?
La situation de Milan reste difficile : 7 points en 6 matches c’est très maigre mais paradoxalement, l’optimisme commence à revenir peu à peu à Milanello. Match après match, l’équipe d’Allegri montre des progrès. Le groupe prend forme et les joueurs prennent confiance. Malheureusement, l’AC Milan est ponctuellement (et très sévèrement) puni par des erreurs qui se multiplient de manière alarmante. La défense de Milan a très mal commencé la saison et comme avoir bonne défense est une condition absolument indispensable pour réussir une saison (surtout en Serie A), l’équipe d’Allegri le paie très cher avec seulement 7 points sur 18 disponibles. Sur les 6 buts encaissés, un seul est arrivé sur action (celui de Cigarini), tous les autres sont arrivés sur phase arrêtée. Sur corner contre la Sampdoria (Costa), sur penalty contre Bologne (Diamanti), sur coup franc (Ranegie) et penalty (Di Natale) contre l’Udinese. Rebelote contre Parme : coup franc de Galloppa.
Les buts encaissés sur phases arrêtées sont frustrants car il ne dépendent pas directement (enfin pas toujours) du cours du jeu. Milan encaisse beaucoup mais paradoxalement ne concède pas énormément à l’adversaire. Ces buts sont principalement provoqués par des erreurs individuelles (parfois très grave), quelles soient techniques ou d’inattention : les Rossoneri ne jouent pas avec assez concentration et d’attention. Et comme souvent lors des moments difficiles, chaque erreur se paie cash. Il y a également un problème de placement défensif mais aussi un manque de centimètres . C’est un vieux problème déjà présent lors du cycle Ancelotti mais qui avait été réglé les deux saisons précédentes : le jeu aérien de Thiago Silva mais surtout Ibrahimovic (qui dégageait tous les ballons au premier poteau) était fondamental (tiens donc…) sur les phases arrêtées défensives (Ibrahimovic était bien plus précieux que ce que beaucoup veulent croire…). A Parme, le but encaissé vient d’une double erreur : Montolivo a commis une faute, bête et évitable. Et le mur n’a pas joué son rôle (De Jong coupable?).
Pour s’en sortir cette saison, Milan devra absolument limiter le nombre d’erreurs et de buts encaissés. Chaque but inscrit doit être précieusement défendu car l’équipe ne compte pas une attaque très prolifique permettant de cacher ce problème (Ibrahimovic était bien plus pré… ah je l’ai déjà précisé). Bref, limiter le nombre de buts encaissés sur phases arrêtées règlerait déjà un énorme problème de ce Milan. L’autre gros problème de Milan reste le milieu : Ambrosini et De Jong (mais aussi Nocerino) sont de bons récupérateurs mais n’ont pas les qualités nécessaires pour faire repartir l’action. L’équipe manque trop de créativité en phase de construction. Avant il y avait Pirlo, ensuite il y a eu Thiago Silva, le vrai playmaker des deux saisons précédentes. Aujourd’hui, c’est le néant : le seul espoir se nomme Montolivo mais jusqu’à présent il a déçu.
En résumé, on peut dire que Milan progresse grâce à la condition physique qui s’améliore et une à équipe qui commence à trouver des automatismes mais cela reste (et restera…) loin du niveau requis pour jouer dans le haut du tableau. Les buts inscrits restent trop basés sur des exploits individuels (trop) isolés. Il reste beaucoup de travail à accomplir pour que cette équipe puisse trouver un minimum de continuité dans les résultats et ainsi enchainer 2-3 victoires consécutives pour relancer le classement. Les progrès sont (trop) lents mais heureusement, la saison est longue et le classement est encore court : Milan n’est qu’à 3 points de la 5ème place (préliminaires d’Europa League…), l’objectif réaliste mais tout de même difficile pour cette saison. Il faut se rendre à l’évidence et arrêter d’espérer mieux : si l’équipe y arrive, tant mieux car ce serait un résultat qui va au delà des capacités des Rossoneri. Lors d’une saison où il ne serait vraiment pas étonnant d’arriver 7° voire 10°, une 5° place serait déjà positive. Si c’est mieux, tant mieux mais il est contre productif de viser des objectifs hors de portée.
Débat tactique : 4-2-3-1 ou 4-3-3? L’équipe elle-même (les défenseurs se sentent plus à l’aise), Galliani, la presse et bonne partie des tifosi préfèrent la première solution. Et pourtant l’effectif de Milan convient nettement mieux au 4-3-3 car il y a de nombreuses mezz’ali difficiles à placer dans le 4-2-3-1 (Nocerino, Flamini, Montolivo, Constant, Traoré) et des attaquants externes plus adaptés à un 4-3-3 (El Shaarawy, Bojan, Robinho, Emanuelson) qu’à un 4-2-3-1 qui demande plus de sacrifice en phase défensive. Pour l’équilibre de l’équipe, il serait trop risqué d’aligner De Jong et Ambro avec 3 joueurs offensifs et 1 attaquant (par exemple El Shaarawy, Boateng, Robinho, Pazzini). Ainsi, Allegri a été contraint d’aligner Nocerino comme offensif gauche, qui n’est pas du tout son rôle naturel (et pas non plus adapté à ses caractéristiques). Autre éléments en faveur du 4-3-3 : De Jong et Ambrosini sont les deux seules digues adaptées à jouer devant la défense du 4-2-3-1 : il n’y a aucune alternative et compte tenu de l’âge du capitaine, comment peut-on penser jouer de manière fixe avec ce système? Pourquoi avoir engagé Bojan, un joueur qui n’a connu que le 4-3-3 dans sa carrière si c’est pour jouer autrement? Pourquoi ne pas aligner Boateng comme attaquant externe droit (avec El Shaarawy à gauche), où il pourrait trouver l’espace pour exprimer sa fougue? Quitte même à faire entrer un joueur comme Bojan ou Robinho en cours de jeu, à la place d’un milieu avec Boa qui descend d’un cran si l’équipe n’arrive pas à marquer? Bref, Allegri a du boulot et au lieu de trancher définitivement, il jonglera probablement avec les deux systèmes en fonction de la situation.
L’AC Milan a trouvé son identité, il ne reste plus qu’à l’affiner et l’ajuster pour tenter de sauver une saison très compliquée. Il y a de gros problèmes à régler (défense, construction et créativité) mais également des notes positives : le jeune De Sciglio qui s’adapte bien à gauche, la bonne prestation de la défense centrale colombienne, la solidité du duo De Jong – Ambrosini, la bonne première de Bojan, la progression de Boateng et surtout le Petit Pharaon qui devient Grand. El Shaarawy est une merveilleuse confirmation (pas une surprise car son talent était indiscutable). Son début de saison est impressionnant : c’est lui qui mène l’équipe, il est tout simplement pharaonique. Les Rossoneri ont certes perdu 2 points à Parme mais ont continué à montrer des progrès et sur le long terme, cela pourrait être plus important qu’une victoire isolée : si l’équipe d’Allegri continue sur cette voie, Milan retrouvera bientôt une place au classement qui correspond plus à sa réputation. La saison est encore très longue, pleine d’embuches et de surprises. Deux examens importants attendent l’équipe d’Allegri : Zenit en Champions League et Inter en Serie A, deux matches pour comprendre encore un peu mieux le niveau réel de ce Milan et qui établiront s’il faut définitivement arrêter de rêver ou si cette équipe est capable de se sortir de la médiocrité pour viser des objectifs un peu plus nobles. Ces rencontres seront cruciales sur le plan sportif et mental : perdre contre le Zenit compromettrait déjà la qualification en huitièmes de Champions League. En outre, encore fragile psychologiquement, perdre le derby (match-clé comme toujours) pourrait se révéler être dramatique en Serie A. L’équilibre est précaire, Milan se prépare à affronter une semaine déjà décisive de sa saison. Attention, avec le cul entre deux chaises, il y a le risque de finir à terre.
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