Avant M83, Air ou Daft Punk, il y a eu Dieu.
Dieu ? N’est-ce pas exagéré ?! Sûrement. Par contre, s’il fallait apposé le terme à un artiste français de la musique électronique, c’est bien à Laurent Garnier que l’on réserverait l’appellation.
Depuis son passage à Manchester (où un autre Français deviendra, lui, le King, mais dans le sport) dans la fameuse boîte The Haçienda, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. De sa co-création de F Com (ou F Communications) en 1991, il ne reste que des souvenirs, ainsi que de (très) grands disques. Pour exemple, le premier des deux albums de St Germain sortit sur le label de Garnier.
En 2000, soit à mi-parcours pour le label (qui mettra définitivement la clé sous la porte en 2008), sortira le second album studio du Français, la French touch traînant encore de son ombre un peu partout sur la planète.
Unreasonable Behaviour porte un titre particulièrement pertinent tant Laurent Garnier ne semble jamais vouloir faire comme les autres, mais bel et bien suivre son chemin que lui-même trace.
En douze et soixante-dix minutes au compteur, cet album est malgré tout très facile d’accès pour quiconque est fan de musique électronique. Les fans de tubes, eux, passeront leur chemin car le format n’est fait ni pour eux, ni pour les radios qu’ils affectionnent. Oui, il faut être mélomane pour se laisser envahir par les différentes ambiances proposées… ou, plutôt, imposées.
Selon le moment et votre humeur, tous les morceaux vous toucheront. Hormis les classiques et cultes « The sound of the big babou » et « The man with the red face », j’adore « Cycles d’opposition », « Communications from the lab » et, surtout, le titre final « Last tribute from the 20th century », qui pourrait largement prétendre au titre de meilleur production électronique de tous les temps tellement la perfection est proche et tellement ce titre en devient emblématique de tout un univers résolument encore et toujours futuriste.
Laurent Garnier réussit un album splendide, sans aucune monotonie, ni le moindre ésotérisme, tout en réaffirment avec force qu’il est (en 2000 mais encore en 2012) l’un des plus grands noms au monde de la scène électro, avec pour seul bémol d’avoir désormais signer chez l’ennemi déclaré et tant critiqué – par lui-même ! -, à savoir Ed Banger. Mais ce bémol pourrait bien n’être que le début d’une nouvelle époque encore plus luxuriant pour lui, tant ses deux albums suivants, The Cloud Making Machnine et Tales Of A Kleptomaniac, furent clinquants.
Et dire qu’il n’a même jamais eu la grosse tête…
(in heepro.wordpress.com, le 01/10/2012)