Analyse technique:
Elle tourne partout au noir. Emergents et matures. La hausse de l’été semble un spasme dans un processus de baisse. Même si la Fed fait tout ce qu’elle doit pour tenir les cours jusqu’à l’ élection de Novembre. C’est d’habitude favorable au sortant. M. Romney a d’ailleurs annoncé qu’il videra M. Bernanke s’il gagne.
Mais comment l’utiliser au mieux?
L’ AT est devenue universelle. Même en sociologie pour l’étude des mouvements de masses. Elle est art, autant que science, comme la médecine. Tout le monde lui fait confiance. Donc, même si elle a les limites d’un « art », elle devient self-fulfilling. Salles de marché et intervenants passent leurs limites d’achat/vente aux mêmes niveaux. Si les marchés étaient animés par des agents égaux en information et incapables individuellement d’influencer durablement les cours, elle serait un facteur de réflexion parmi d’autres.
Mais les marchés sont-ils encore intègres? La faiblesse des volumes fait répondre non. Il existe quelques acteurs assez lourds et initiés pour manipuler les cours. Et plus la Fed distribue des crédits à Wall Street, plus les 5 ou 6 mégabanques mondiales et leurs hedge funds peuvent influencer les marchés. Elles sont garanties contre toute défaillance parce qu’elles sont déclarées systémiques depuis la faillite Lehmann; elles payent quelques amendes symboliques quand elles sont prises en flagrant délit (Barclays, RBS ou HSBC); elles sont abondamment pourvues en liquidités par leur Fed. Qu’elles ne prêtent pas aux entreprises car celles-ci sont bien liquides. Ni aux particuliers qui se désendettent tant qu’ils peuvent . Normal dans une phase de déleveraging. Alors, elles les travaillent sur les marchés à terme. Encore plus qu’avant le krach de 2007/2009. D’autant plus qu’elles fournissent le personnel de l’institution supposée les contrôler, et du trésor US …. Comme en France avec l’AMF. Voyez l’origine des décideurs.
Avec ces gros moyens, ces banques peuvent utiliser l’ AT à leur profit. Vendre des futures en fixant elles-mêmes les cours qui leur permettent d’encaisser la volatilité ou lancer des mouvements qui prennent à contrepied ceux qui, justement, se fondaient sur les règles statistiques de l’AT. Et de les plumer.
Conséquence: la méfiance.
Ainsi s’expliquent des mouvement suspects, surtout les jours de dèbouclage de ces futures. On dit que « le marché est fait à la main ». Cela était évident du 16 septembre à la fin du mois. L’investisseur individuel n’a aucune chance dans un marché truqué comme un appel d’offres sur les déchets ménagers à Marseille.
Du coup, méfiance des vrais gérants. Avec des volumes de plus en plus faibles: 80% des transactions sont désormais le fait du trading automatique (pures spéculations à très court terme), les limites affichées sur les écrans sont bidonnées et disparaissent en une milliseconde si un particulier veut les faire jouer. Les stops évidemment, se terminent en catastrophe pour celui qui se croyait protégé: un décrochage soudain les fait jouer avant qu’il n’ait pu réagir. D’ailleurs les vrais volumes ne sont plus publiés puisqu’il existe des plateformes alternatives non tenues à publicité. Et donc non réglementées. Comme les CDS en 2007. Bonjour les escroqueries , voyez sur youtube l’audition des dirigeants de Goldman par le Sénat américain en 2010, dans les quelles ils reconnaissaient avoir vendu du shit (dans le texte en 5 lettres) à leurs clients. Ils sont quand même ressortis libres, à la différence des dirigeants des caisses d’épargne arrêtés sur les ordres de M. Reagan en 2003. Et ça continue.
Des progrès ?
L’Allemagne a commencé à lutter contre ces manipulations. Elle est encore bien seule. L’un des enjeux de la campagne présidentielle US est de savoir si la nouvelle administration cherchera à rétablir l’intégrité des marchés. Ou bien si ce business continuera. F.D. Roosevelt avait hérité d’une situation semblable en 1932. Avec l’aide d’un spéculateur particulièrement compétent et connu pour ses coups fumants, il a choisi de rétablir cette intégrité. Il s’agissait de J. Kennedy, l’ami de Meyer-Lansky ! On cherche les pros là où ils sont…. Ce pro a bien travaillé pour son pays, jusqu’à ce que M. Bush supprime les règles protectrices qu’il avait fixées.
Jusqu’à ce qu’on sache quelle sera la politique budgétaire et financière de la nouvelle administration , des mouvements violents et inexplicables sont à prévoir. Surtout que les nouvelles sont mauvaises. Citons en Europe la certitude d’une récession pour 2013 avec un budget français incroyable et une fiscalité encore plus anti-industrielle. Aux USA, la baisse de tous les composants de l’activité; seul le prix de l’immobilier semble se stabiliser. Il va leur falloir rééquilibrer le budget fédéral, comme en Espagne ou en France; avec les mêmes conséquences sur l’activité. La Chine arrive en fin de cycle d’investissement massif et doit mettre au point une politique plus tournée vers le consommateur, ce qui est un enjeu politique. Et quand la politique s’en mêle, surtout derrière le célèbre paravent… De plus, elle n’apprécie pas la fuite en avant des presses à imprimer en $, et le fait savoir par ses menaces aux protégés de l’ Amérique, Formose et le Japon (cf nos blogs précédents). Le reste du monde émergent ralentit et baisse ses taux pour se relancer, en vain puisque le monde occidental ne suit pas. Rien n’annonce une reprise.
Alors, même si les grandes entreprises se portent bien, avec des bilans sains et une trésorerie positive, leurs cours restent terriblement décotés. La récession n’augure pas une hausse des profits. Avec la peur du risque, 2 raisons pour que, actuellement, les capitaux restent timides. N’osent pas encore en profiter.
Il faudrait anticiper à plus d’un an pour investir. Ce n’est pas absurde. Mais l’analyse technique annonce plutôt du gros temps. Va-t-il pas y avoir bientôt de meilleures occasions, ? Dans ce blog, nous anticipons, depuis 18 mois, un retour sur les plus bas de 2009. Si on y revient, ce serait le dernier creux de la crise boursière commencée en 2000, top des marchés, creux en 2002, avec reprise intermédiaire jusqu’en 2007, et retour sur le creux du premier krach. Un cycle de 15 ans, c’est bien connu. Avec 2 cycles de Juglar à 7 ans au milieu. Un vrai cas d’école.
Gardons notre poudre sèche, et espérons que le système politique US n’est pas tombé au niveau de celui de…. certains pays européens.