Mon amie Chantal a attiré mon attention sur ce superbe billet paru dans le magazine Châtelaine. En faisons-nous trop pour nos enfants?, s'interroge Johanne Lauzon, la rédactrice en chef de la rubrique Société en réponse à l'ouvrage de Carl Honoré, l'auteur de Laissez les enfants tranquilles! (voir aussi Manifeste pour une enfance heureuse)
Celui qui a aussi écrit Éloge de la lenteur, remet en question notre obsession pour la réussite de nos enfants. « Le constat que dresse Carl Honoré effraie, rapporte Johanne Lauzon, : un jeune sur cinq souffre de
troubles psychologiques selon les Nations unies. On parle de
dépression, d’automutilation, de fatigue chronique, de troubles
alimentaires... »
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Il y a quelques années, quand mon fils ainé était inscrit à la gymnastique, la directrice de la Fédération de gymnastique de ma région m'a vivement reprochée de ne pas encourager mon fils à la compétition. Il était peut-être doué pour son âge, mais c'était contre mes principes de tracer son avenir à un si jeune âge. Il n'était pas question de décider qu'à 3 ans mon fils deviendrait un espoir olympique. Hors de question de l'attacher à cette roue infernale de la compétition, où tout devient sérieux avant même que les enfants ne comprennent ce qu'ils font. Il était heureux de pratiquer son sport dans un contexte récréatif, pourquoi lui mettre de la pression pour qu'il se surpasse à un si jeune âge? Finalement, je l'ai retiré de ce sport car je trouvais insupportable d'encourager une organisation sportive qui soutenait des valeurs qui allaient à l'encontre des miennes. On a choisit le soccer à la place car les enfants apprennent d'abord à jouer, à s'amuser, à partager avec leur équipe.
Dans l'univers du sport - au hockey, en patinage artistique aussi - on pousse sur nos enfants pour qu'ils deviennent des petits champions. Pourquoi cette obsession pour l'excellence? Est-ce de la projection collective? Voulons-nous que nos enfants réussissent là où nous avons échoué?
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Pour moi, cette question est centrale et guide entièrement la conception que nous avons de l'apprentissage et de l'éducation. Souhaitons-nous la réussite de nos enfants pour des motifs purement égoïstes? L'obsession pour l'école privée reflète-t-elle un besoin viscéral de dépassement qui relève davantage de la projection que d'une motivation liée au bonheur d'apprendre? Pourquoi voulons-nous que nos enfants soient bons? Pourquoi voulons-nous leur réussite? Qu'est-ce qui nous motive dans ce sens? Est-ce l'espoir du gain, la reconnaissance par la collectivité et le statut social? Et si notre motivation de dépassement provenait d'abord et avant tout d'un besoin de combler l'insatiable curiosité des enfants et de les inciter à aimer la découverte? Aurait-on alors cette même obsession de la performance? Et si nous n'avions pas les moyens d'aller à l'école privée, serait-on condamné pour autant à la médiocrité? Un enfant curieux et intéressé qui fréquente l'école publique et qui obtient des notes dans la moyenne est-il voué à l'échec social et économique?
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« Dans les années à venir, les gagnants ne seront pas ceux qui
connaîtront toutes les réponses par cœur, mais ceux qui sauront faire
preuve de créativité, les esprits vifs et novateurs qui seront capables
de penser transversalement, au-delà des matières, de creuser un problème
sans nécessairement viser un résultat et de prendre plaisir aux défis
du savoir, tout au long de leur vie, écrit Carl Honoré. Ce sont de tels
individus qui inventeront le prochain Google, découvriront une
alternative au pétrole ou élaboreront un plan pour sauver l’Afrique de
la famine. »
L'évolution d'un enfant dans un environnement parfaitement adapté l'empêchera-t-il de réfléchir un jour? Selon la théorie de l'évolution de Darwin, les espèces qui apprennent à s'adapter aux défis de leur environnement survivent. Si l'environnement est trop contrôlé, astiqué, poli par nos bonnes intentions et notre désir de réussite, ne faussons-nous pas la donne? Au final, nos enfants ne seront-ils pas affaiblis par une pensée trop rectiligne, obtue et déconnectée du sens véritable de la vie?
Mamamiiia! - L'état de la mère ou la mère dans tous ses états
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