On savait Ry Cooder engagé pour son combat politique ou social, et voici qu'à la veille des élections
américaines il nous gratifie de son point de vue sur le duel qui s'amorce entre les 2 prétendants à la fonction suprême, Barrack Obama et Mitt Romney. A l'instar
de son précédent disque sorti l'année dernière ("Pull Up Some Dust & Sit Down") portant essentiellement sur la situation mondiale depuis la crise financière amorcée en 2007, cette fois-ci il
prend part publiquement contre le système républicain ultra-libéral porté par la candidature Romney, ce multi-millionnaire expatrié fiscal aux écarts de langage peu respectables, grand défenseur
du démantèlement de l'assurance maladie et pourvoyeur de l'Etat privatisé pour une main mise encore plus forte des puissants contre les faibles. La mégalomanie de ces charognards affamés par
l'odeur du pouvoir n'ayant pas de limite sur les terres de l'oncle Sam, il était normal que certains artistes se lancent à leur manière dans les débats engagés depuis le coup d'envoi officiel de
la campagne présidentielle.
En guise de plébiscite anti-républicain, Ry Cooder nous a donc concocté un savoureux disque à la hauteur
du cynisme de son principal opposant, réussi tant sur le plan musical que de l'écriture, et qui je l'espère aura les retombées médiatiques suffisantes pour que l'opinion américaine sache de quel
côté orienter son choix. Il faut dire qu'après les dernières bourdes commises par Romney faisant part de ses révélations inavouables en public sur son inimtié pour le peuple palestinien, son
parti pris pour les lobbies de la finance ou religieux, ou encore le peu d'intérêt qu'il porte aux chômeurs "assistés" de son pays (aux pauvres en général), les statistiques semblent nettement
pencher vers le camp démocrate. Quoi qu'il en soit rien n'est joué, et avec ce genre de personnage peu fréquentable il est toujours bon d'enfoncer le clou, quitte à tirer sur l'ambulance pour la
bonne cause. Et ça, Ry Cooder sait faire. Comme sur "Mutt Romney Blues", un titre dans lequel il revient sur une histoire vieille de plus de 30 ans lorsque Romney, parti pour un voyage
au Canada, s'est trouvé à ficeler son chien sur la galerie de sa voiture par manque de place. Le chien tombe malade, il vomit, et Mitt est obligé de s'arrêter à une station service.... pour
"karchériser" le tout, chien compris. L'histoire a été exhumée des profondeurs de la presse pour les "besoins" de la campagne; du pain béni pour Ry Cooder qui se place le temps
de ce morceau dans la peau du pauvre toutou ( « Boss Mitt Romney went for a ride, Pulled up on the highway side, Tied me down up on the roof, Boss I hollered woof woof woof» ).
Une manière à l'américaine de dénoncer le manque d'humanité de l'homme politique, mais qui donne tout de même une idée du genre de type qu'il est. Pour le reste, tout tourne autour des idées que
Cooder s'acharne à combattre : Tea Party, OPA de la finance internationale, Guantanamo, recrutements militaires sponsorisés par les universités.... Et comme on n'est jamais mieux servi que par
soi-même, c'est lui qui a produit, écrit, et réalisé tout l'album.
Ainsi, on constatera que malgré ses 65 printemps passés, rien ne semble anihiler sa passion pour la musique, tout comme
son engagement de citoyen gueulard et protestataire. La majorité des artistes ne se risquerait pas une minute à prendre parti de la sorte, trop peureux de voir la menace planer face au risque de
ne pas plaire à leur public. Pourtant la caricature a du bon, comme le prouve ce "Election Special", bref et franc du collier (38 minutes), qui mérite une bonne place dans la catégorie
des brûlots musicaux à retenir.
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