La critique
Une comédie musicale de toute beauté mais aux chansons criardes et répétitives
Adaptation version grand spectacle d'une légende indonésienne, le Râmâyana, Opera Jawa nous plonge dans un triangle amoureux sous fond de comédie musicale. Pas très original certes, si ce n'est que pour une fois il s'agit d'un film indonésien. L'histoire est donc celle d'une femme dont le coeur est perdu entre son compagnon artisan ,qu'elle aime sincèrement, et un amant riche qui ne manque pas de moyens et d'idées pour la mettre dans son lit. Le réalisateur Garin Nugroho voulait que chacun de ses hommes soit un refflet de l'Indonésie. Le gentil et fidèle mari artisant représente les petits commerces en voie d'extinction, l'amant riche et très agressif dans la séduction représente la tentation de la mondialisation.
Deux heures de chants indonésiens, avec des chorégraphies gracieuses et des images de toute beauté : l'idée est tentante sur le papier. Le problème est qu'il y a un manque cruel de respiration entre les morceaux. Alors soit, des films chantés intégralement comme Les parapluies de cherbourg il y en a des très bons, mais là ça ne passe pas. Peut être est-ce un problème perso mais les voix très aigues des chanteuses finissent au bout d'un moment par donner la migraine. Et entendre ces voix criardes aux paroles naives pendant 120 minutes devient un certain calavaire. Dommage car du côté de la réalisation c'est le quasi sans faute. Des plans d'une rare poésie, pleins d'inventivité,de la sensualité, beaucoup de couleurs, de beaux décors et costumes : on se mettrait à rêver que le film voit son son coupé. Les amateurs de world music trouveront donc certainement plus leur compte dans ce film qui relate de changements sociaux mais aussi et surtout du rapport à la croyance, à la divinité. Opéra pas tout public.
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