Troix prix, quatre nominations, dont celle du Meilleur film étranger aux derniers oscars, Monsieur Lazhar est un petit bijou qu'on regretterait d'avoir loupé. Quelques dialogues vaudront mieux que les explications et éloges que je ferai ensuite :
Fellag est donc ici Bachir Lazhar, un homme qui cherche avant tout à s'intégrer, comme n'importe qui. Le cinéaste explique que son protagoniste est avant tout une métaphore de l'altérité, un homme qui cherche des solutions non pas dans la religion ou dans la morale, ni même dans ses références culturelles au sens "ethnique", mais dans une filiation de l’enseignement, dans notre rapport commun à la langue française et à la littérature, puis dans l’acte fondamental de communiquer.
La langue française occupe une importance capitale parce que sa maîtrise fait office de valeur identitaire, et que ce savoir est justement en partie véhiculé par le corps enseignant, que Bachir vient de rejoindre. A travers Monsieur Lazhar, le cinéaste a voulu faire passer un message qu'il exprime ainsi : "Je considère que l’enseignement est un acte de résistance. Pour moi, les enseignants font partie des héros modernes. C’est plus une ode à cela qu’une critique du système d’enseignement." En ce sens ce n'est pas un Entre les murs ou un Detachment de plus même si le cinéma de Philippe Falardeau est social et positionné politiquement.
Outre la question de l'intégration le scénario traite de la codification des rapports entre les enfants et les adultes en milieu scolaire. Et il est intéressant aussi de voir comment cette question est abordée au Canada.