Affleurement rocheux « Link » photographié par la Mastcam de Curiosity le 2 septembre 2012 soit son 27 éme jour sur Mars (cliquez pour agrandir)
Plusieurs sites observés par Curiosity montrent des dépôts de graviers qui n’ont pu être érodé que par des écoulements d’eau dans le passé de Mars.
Un affleurement rocheux observé à distance par le rover Curiosity au début de son périple, témoigne d’un écoulement d’eau sur une période assez longue. Cela s’est sans doute produit il y a plusieurs milliards d’années, dans la jeunesse d’une planète aujourd’hui rouge et qui devait être, alors … bleue (lire à ce sujet « Mars : Planète bleue ? » de J. P. Bibring) ! En ce temps là, on pouvait entendre le murmure de l’eau mêlé à la brise … ! A moins que ce ne fusse de violentes et soudaines débâcles ?! Quoi qu’il en soit, les preuves du passé humide de Mars s’accumulent.
Quelque part entre les pentes nord du cratère Gale (154 km de diamètre) et sa montagne centrale, le Mont Sharp (5 500 m. d’altitude), les scientifiques ont braqué la caméra du mât de Curiosity sur d’intrigants affleurements rocheux nommés “Hottah” et “Link”. Les clichés montrent des dépôts de galets, des conglomérats de graviers et divers matériaux comme ceux que l’on peut observer dans les ruisseaux et rivières terrestres (voir photos comparatives) …
Comparaison avec lit de rivière terrestre
Les formes arrondies de la majorité de ces fragments de roches dont la taille varie du « grain de sable à celle d’une balle de golf » ne laisse pas beaucoup de doutes. “Les formes nous disent qu’ils ont été transporté et les tailles nous disent qu’ils n’ont pas pu l’être par le vent” indique Rebecca Williams, membre de l’équipe scientifique de Curiosity. Vraisemblablement transportés sur de longues distances par des écoulements continus ou alors, répétitifs sur de longues périodes. Willem Dietrich estime que “d’après la taille des graviers charriés, on peut interpréter que l’eau se déplaçait à une vitesse d’environ un mètre par seconde (3 pieds = 0,91 m.) pour une profondeur quelque part entre la cheville et la hanche” … Les matériaux pourraient provenir de la Vallée de la Paix (Peace Vallis), située en amont de la plaine alluviale (voir carte), à quelques encablures du site d’atterrissage « Bradbury« (croix noire sur la carte).
Les scientifiques de la mission Curiosity peuvent être enthousiastes. En seulement quelques semaines de présence sur le plancher du cratère Gale (site qui n’a pas été choisi au hasard), un “premier environnement potentiellement habitable” a déjà été identifié. Toutefois, nuance John Grotzinger (scientifique de la mission Mars Science Laboratory, MSL), “Link” et “Hottah” ne sont pas des “choix prioritaire”. Actuellement le rover s’avance vers le lieu dit de “Glenelg”, aux confluents de trois terrains géologiquement différents qu’il devrait atteindre dans les prochains jours.
Peu à peu, Curiosity progressera vers le Mont Sharp — ou Aeolis Mons — qui s’élève au centre du cratère. Des dépôts d’argiles et de sulfates ont été détectés depuis l’espace dans cette région. Ils apparaissent comme des milieux susceptibles de conserver les traces d’une chimie organique à base de carbone, favorable à l’apparition de formes de vie. L’enquête ne fait que commencer.
Crédit photos : NASA/JPL-Caltech/MSSS/University of Arizona.