Y-a-t-il bien un lien entre la longévité et la reproduction? C'est un débat de longue haleine. Pourtant, un tel arbitrage pourrait bien exister chez l'homme si l'on en croit cette étude sur la longévité plus élevée d'eunuques vivant en Corée il y a des siècles. Ces résultats, publiés dans l'édition du 25 Septembre de Current Biology, suggèrent que les hormones sexuelles mâles seraient un facteur de réduction de longévité chez les hommes. Selon les chercheurs.
Déjà, les hommes vivent moins longtemps que les femmes, ce qui pourrait être lié à l'action des hormones sexuelles mâles. Une autre explication a déjà été suggérée avec la transmission exclusivement féminine de l'ADN des mitochondries et un processus de sélection naturelle avec des mutations bénéfiques pour les femmes, mais pas forcément pour les hommes. Ou encore avec des effets positifs de l'hormone sexuelle féminine œstrogène, sur la longévité. Ou encore, les hommes n'ont-ils pas simplement des activités à risque plus élevé ? Ce qui est certain c'est que la castration qui supprime de fait la source d'hormones sexuelles mâles est une situation propice à l'étude de l'influence des hormones mâles. Des études ont déjà montré qu'elle prolonge la durée de vie chez de nombreux animaux mâles, en raison des effets délétères suggérés de la testostérone, en particulier sur le système immunitaire. Mais la question, pour cause, n'avait jamais été tranchée chez l'homme.
Les chercheurs constatent que la durée de vie moyenne des eunuques était de 70 ans + ou - 1,76 an, soit plus de 14 à 19 ans de plus que la durée de vie moyenne d'hommes non castrés de même statut socio-économique. Parmi les 81 eunuques étudiés, 3 ont vécu centenaires, ce qui reste rare, même aujourd'hui dans les pays développés : L'incidence de centenaires parmi les eunuques coréens est au moins 30 fois supérieure à ce qu'elle est dans les pays développés, expliquent les auteurs, et ne peut pas s'expliquer uniquement par des conditions de vie meilleures. Ainsi, l'incidence actuelle de centenaires est de 1/3.500 au Japon et ¼.400 aux Etats-Unis. Les auteurs montrent aussi, qu'en fait, les membres de ces familles royales avaient en réalité une espérance de vie généralement plus courte que la moyenne, soit une quarantaine d'année.
L'étude apporte au moins un nouvel indice sur la différence de longévité entre les hommes et les femmes et peut soutenir aussi l'idée que les hormones sexuelles mâles diminuent la durée de vie des hommes. Cependant, de nombreux biais sont possibles. Les auteurs ajoutent, également, hors étude : «Pour une meilleure santé et une plus grande longévité, restez loin des tensions et apprenez ce que vous pouvez des femmes ».
Source: Current Biology 25 September 2012 doi:10.1016/j.cub.2012.06.036 The lifespan of Korean eunuchs (Schéma @ Image: Min et al.-Current Biology)